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BARAC ET DÉBORA.


Autre addition[1].

Quelle étrange idée, tirée de la lessive, qu’un pot d’eau nettoie tous les crimes ! Aujourd’hui qu’on baptise tous les enfants, parce qu’une idée non moins absurde les supposa tous criminels, les voilà tous sauvés jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de raison, et qu’ils puissent devenir coupables. Égorgez-les donc au plus vite pour leur assurer le paradis. Cette conséquence est si juste qu’il y a eu une secte dévote[2] qui s’en allait empoisonnant ou tuant tous les petits enfants nouvellement baptisés. Ces dévots raisonnaient parfaitement. Ils disaient : Nous faisons à ces petits innocents le plus grand bien possible ; nous les empêchons d’être méchants et malheureux dans cette vie, et nous leur donnons la vie éternelle. (De M. l’abbé Nicaise.)



BARAC ET DÉBORA[3],


et, par occasion, des chars de guerre.


Nous ne prétendons point discuter ici en quel temps Barac fut chef du peuple juif ; pourquoi, étant chef, il laissa commander son armée par une femme ; si cette femme, nommée Débora, avait épousé Lapidoth ; si elle était la parente ou l’amie de Barac, ou même sa fille ou sa mère ; ni quel jour se donna la bataille du Thabor en Galilée, entre cette Débora et le capitaine Sisara, général des armées du roi Jabin, lequel Sisara commandait vers la Galilée une armée de trois cent mille fantassins, dix mille cavaliers, et trois mille chars armés en guerre, si l’on en croit l’historien Josèphe[4].

Nous laisserons même ce Jabin, roi d’un village nommé Azor, qui avait plus de troupes que le Grand Turc. Nous plaignons beaucoup la destinée de son grand-vizir Sisara, qui, ayant perdu la bataille en Galilée, sauta de son chariot à quatre chevaux, et s’enfuit à pied pour courir plus vite. Il alla demander l’hospitalité à une sainte femme juive, qui lui donna du lait, et qui lui enfonça un grand clou de charrette dans la tête, quand il fut

  1. Cette addition est aussi dans le Dictionnaire philosophique de 1767. (B.)
  2. Voyez dans les Mélanges, année 1763, le chapitre xviii du Traité sur la Tolérance ; et année 1769, le chapitre xlii de Dieu et les Hommes.
  3. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)
  4. Antiq. jud., livre V. (Note de Voltaire.)