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BAPTÊME.

Dans les premiers siècles du christianisme, rien n’était plus commun que d’attendre l’agonie pour recevoir le baptême. L’exemple de l’empereur Constantin en est une assez forte preuve. Saint Ambroise n’était pas encore baptisé quand on le fit évêque de Milan. La coutume s’abolit bientôt d’attendre la mort pour se mettre dans le bain sacré.

Du baptême des morts.

On baptisa aussi les morts. Ce baptême est constaté par ce passage de saint Paul dans sa Lettre aux Corinthiens[1] : « Si on ne ressuscite point, que feront ceux qui reçoivent le baptême pour les morts ? » C’est ici un point de fait. Ou l’on baptisait les morts mêmes, ou l’on recevait le baptême en leur nom, comme on a reçu depuis des indulgences pour délivrer du purgatoire les âmes de ses amis et de ses parents.

Saint Épiphane et saint Chrysostome nous apprennent que dans quelques sociétés chrétiennes, et principalement chez les marcionites, on mettait un vivant sous le lit d’un mort ; on lui demandait s’il voulait être baptisé ; le vivant répondait oui ; alors on prenait le mort, et on le plongeait dans une cuve. Cette coutume fut bientôt condamnée : saint Paul en fait mention, mais il ne la condamne pas ; au contraire, il s’en sert comme d’un argument invincible qui prouve la résurrection.

Du baptême d’aspersion.

Les Grecs conservèrent toujours le baptême par immersion. Les Latins, vers la fin du VIIIe siècle, ayant étendu leur religion dans les Gaules et la Germanie, et voyant que l’immersion pouvait faire périr les enfants dans des pays froids, substituèrent la simple aspersion ; ce qui les fit souvent anathématiser par l’Église grecque.

On demanda à saint Cyprien, évêque de Carthage, si ceux-là

  1. XV, 29.