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ASTRONOMIE.
Un mouvement rapide emporte l’empyrée :
Je résiste moi seul, moi seul je suis vainqueur ;
Je marche contre lui dans ma course assurée.


Cette idée d’un premier mobile qui faisait tourner un prétendu firmament en vingt-quatre heures d’un mouvement impossible, et du soleil. qui, entraîné par ce premier mobile, s’avançait pourtant insensiblement d’occident en orient par un mouvement propre qui n’a aucune cause, ne ferait qu’embarrasser un jeune commençant.

Il suffit qu’il sache que, soit que la terre tourne sur elle-même et autour du soleil, soit que le soleil achève sa révolution en une année, les apparences sont à peu près les mêmes, et qu’en astronomie on est obligé de juger par ses yeux avant que d’examiner les choses en physicien.

Il connaîtra bien vite la cause des éclipses de lune et de soleil, et pourquoi il n’y en a point tous les mois. Il lui semblera d’abord que le soleil, se trouvant chaque mois en opposition ou en conjonction avec la lune, nous devrions avoir chaque mois une éclipse de lune et une de soleil. Mais dès qu’il saura que ces deux astres ne se meuvent point dans un même plan, et sont rarement sur la même ligne avec la terre, il ne sera plus surpris.

On lui fera aisément comprendre comment on a pu prédire les éclipses, en connaissant la ligne circulaire dans laquelle s’accomplissent le mouvement apparent du soleil et le mouvement réel de la lune. On lui dira que les observateurs ont su, par l’expérience et par le calcul, combien de fois ces deux astres se sont rencontrés précisément dans la même ligne avec la terre en dix neuf années et quelques heures, après quoi ces astres paraissent recommencer le même cours ; de sorte qu’en faisant les corrections nécessaires aux petites inégalités qui arrivaient dans ces dix-neuf années, on prédisait au juste quel jour, quelle heure et quelle minute il y aurait une éclipse de lune ou de soleil. Ces premiers éléments entrent aisément dans la tête d’un enfant qui a quelque conception.

La précession des équinoxes même ne l’effrayera pas. On se contentera de lui dire que le soleil a paru avancer continuellement dans sa course annuelle d’un degré en soixante et douze ans vers l’orient, et que c’est ce que voulait dire Ovide par ce vers que nous avons cité :

. . . . . . . Contrarius evehor orbi.
Ma carrière est contraire au mouvement des cieux.