Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
449
ASTRONOMIE.

marqua les solstices avec deux piquets, sans savoir ce que c’était que les solstices[1].

Il me semble que l’on pourrait profiter de cet exemple pour enseigner l’astronomie à un enfant de dix à douze ans, beaucoup plus facilement que cet enfant extraordinaire dont je parle n’en apprit par lui-même les premiers éléments.

C’est d’abord un spectacle très-attachant, pour un esprit bien disposé par la nature, de voir que les différentes phases de la lune ne sont autre chose que celles d’une boule autour de laquelle on fait tourner un flambeau qui tantôt en laisse voir un quart, tantôt une moitié, et qui la laisse invisible quand on met un corps opaque entre elle et le flambeau. C’est ainsi qu’en usa Galilée lorsqu’il expliqua les véritables principes de l’astronomie devant le doge et les sénateurs de Venise, sur la tour de Saint-Marc ; il démontra tout aux yeux.

En effet, non-seulement un enfant, mais un homme mûr qui n’a vu les constellations que sur des cartes, a beaucoup de peine à les reconnaître quand il les cherche dans le ciel. L’enfant concevra très-bien en peu de temps les causes de la course apparente du soleil et de la révolution journalière des étoiles fixes.

Il reconnaîtra surtout les constellations à l’aide de ces quatre vers latins, faits par un astronome il y a environ cinquante ans, et qui ne sont pas assez connus :

Delta aries, Perseum taurus, geminique capellam,
Nil cancer, plaustrum leo, virgo comam atque bootem,
Libra anguem, anguiferum fert scorpius, Antinoum arcus,
Delphinum caper, amphora equos, Cepheida pisces.


Les systèmes de Ptolémée et de Ticho-Brahé ne méritent pas qu’on lui en parle, puisqu’ils sont faux : ils ne peuvent jamais servir qu’à expliquer quelques passages des anciens auteurs, qui ont rapport aux erreurs de l’antiquité ; par exemple, dans le second livre des Métamorphoses d’Ovide, le Soleil dit à Phaéton (vers 70, 72, 73).

Adde quod assidua rapitur vertigine cœlum,
. . . . . . . . . . . . . . .
Nitor in adversum, nec me, qui cætera, vincit
Impetus, et rapido contrarius evehor orbi.
  1. Il n’est peut-être pas inutile de faire observer ici que cet enfant, qui devint un homme de lettres très-instruit ci d’un esprit original et piquant, n’eut jamais que des connaissances très-médiocres en astronomie. (K.)