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AROT ET MAROT, ET ALCORAN.

nouvelle ont établi entre les puissances une égalité qui met le genre humain à l’abri des anciennes dévastations, et qui par là rend les guerres moins funestes, quoiqu’elles le soient encore prodigieusement.

Les Grecs, dans tous les temps, les Romains jusqu’au temps de Sylla, les autres peuples de l’Occident et du Septentrion, n’eurent jamais d’armée sur pied continuellement soudoyée ; tout bourgeois était soldat, et s’enrôlait en temps de guerre. C’était précisément comme aujourd’hui en Suisse. Parcourez-la tout entière, vous n’y trouverez pas un bataillon, excepté dans le temps des revues ; si elle a la guerre, vous y voyez tout d’un coup quatre-vingt mille soldats en armes.

Ceux qui usurpèrent la puissance suprême depuis Sylla eurent toujours des troupes permanentes soudoyées de l’argent des citoyens pour tenir les citoyens assujettis, encore plus que pour subjuguer les autres nations. Il n’y a pas jusqu’à l’évêque de Rome qui ne soudoie une petite armée. Qui l’eût dit du temps des apôtres, que le serviteur des serviteurs de Dieu aurait des régiments, et dans Rome ?

Ce qu’on craint le plus en Angleterre, c’est a great standing army, une grande armée sur pied.

Les janissaires ont fait la grandeur des sultans, mais aussi ils les ont étranglés. Les sultans auraient évité le cordon si, au lieu de ces grands corps ils en avaient établi de petits.

La loi de Pologne est qu’il y ait une armée ; mais elle appartient à la république qui la paye, quand elle peut en avoir une.


AROT ET MAROTS[1],


ET COURTE REVUE DE L’ALCORAN.


Cet article peut servir à faire voir combien les plus savants hommes peuvent se tromper, et à développer quelques vérités utiles. Voici ce qui est rapporté d’Arot et de Marot dans le Dictionnaire encyclopédique :

« Ce sont les noms de deux anges que l’imposteur Mahomet disait avoir été envoyés de Dieu pour enseigner les hommes, et pour leur ordonner de s’abstenir du meurtre, des faux jugements, et de toutes sortes d’excès. Ce faux prophète ajoute qu’une

  1. Questions sur l’Encyclopédie, deuxième partie, 1770. (B.)