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APÔTRES.

« Quumque Hierosolymam accessisset, et ibidem aliquandiu mansisset, pontificis liliam ducere in animum induxisse, et eam ob rem proselytum factum, atque circumcisum esse ; postea quod virginem eam non accepisset, succensuisse, et adversus circumcisionem, ac sabbatum, totamque legem, scripsisse. »

Ces paroles injurieuses font voir que ces premiers chrétiens, sous le nom de pauvres, étaient attachés encore au sabbat et à la circoncision, se prévalant de la circoncision de Jésus-Christ, et de son observance du sabbat ; qu’ils étaient ennemis de saint Paul ; qu’ils le regardaient comme un intrus qui voulait tout renverser. En un mot ils étaient hérétiques ; et en conséquence ils s’efforçaient de répandre la diffamation sur leurs ennemis, emportement trop ordinaire à l’esprit de parti et de superstition.

Aussi saint Paul les traite-t-il de faux apôtres, d’ouvriers trompeurs, et les accable d’injures[1] ; il les appelle chiens dans sa lettre aux habitants de Philippes[2].

Saint Jérôme prétend[3] qu’il était né à Giscala, bourg de Galilée, et non à Tarsis. D’autres lui contestent sa qualité de citoyen romain, parce qu’il n’y avait alors de citoyen romain ni à Tarsis ni à Giscala, et que Tarsis ne fut colonie romaine qu’environ cent ans après. Mais il en faut croire les Actes des apôtres, qui sont inspirés par le Saint-Esprit, et qui doivent l’emporter sur le témoignage de saint Jérôme, tout savant qu’il était.

Tout est intéressant de saint Pierre et de saint Paul. Si Nicéphore nous a donné le portrait de l’un, les Actes de sainte Thècle, qui, bien que non canoniques, sont du premier siècle, nous ont fourni le portrait de l’autre. Il était, disent ces actes, de petite taille, chauve, les cuisses tortues, la jambe grosse, le nez aquilin, les sourcils joints, plein de la grâce du Seigneur. Statura brevi, etc.

Au reste ces Actes de saint Paul et de sainte Thècle furent composés, selon Tertullien, par un Asiatique, disciple de Paul lui-même, qui les mit d’abord sous le nom de l’apôtre, et qui en fut repris, et même déposé, c’est-à-dire exclu de l’assemblée : car la hiérarchie n’étant pas encore établie, il n’y avait pas de déposition proprement dite.

  1. II. Aux Corinth., chapitre xi, vers. 13. (Note de Voltaire.)
  2. Chapitre iii, vers. 2. (Id.)
  3. Saint Jérôme, De Scriptoribus ecclesiasticis, cap. v. (Id.)