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APÔTRES.

vous ? n’avons-nous pas droit d’y amener notre femme, notre sœur, comme les autres apôtres et les frères du Seigneur, et Céphas ? Serions-nous donc les seuls, Barnabé et moi, qui n’aurions pas ce pouvoir ? Qui va jamais à la guerre à ses dépens[1] ? »

Il est clair, par ce passage, que tous les apôtres étaient mariés aussi bien que saint Pierre. Et saint Clément d’Alexandrie déclare[2] positivement que saint Paul avait une femme.

La discipline romaine a changé ; mais cela n’empêche pas qu’il y ait eu un autre usage dans les premiers temps[3].

II.
Des enfants des apôtres.

On a très-peu de notions sur leurs familles. Saint Clément d’Alexandrie dit que Pierre eut des enfants[4] ; que Philippe eut des filles, et qu’il les maria.

Les Actes des apôtres spécifient saint Philippe dont les quatre filles prophétisaient[5]. On croit qu’il y en eut une de mariée, et c’est sainte Hermione.

Eusèbe rapporte que Nicolas[6] choisi par les apôtres pour coopérer au saint ministère avec saint Étienne, avait une fort belle femme dont il était jaloux. Les apôtres lui ayant reproché sa jalousie, il s’en corrigea, leur amena sa femme, et leur dit : « Je suis prêt à la céder ; que celui qui la voudra l’épouse. » Les apôtres n’acceptèrent point sa proposition. Il eut de sa femme un fils et des filles.

Cléophas, selon Eusèbe et saint Épiphane, était frère de saint Joseph, et père de saint Jacques le Mineur et de sainte Jude, qu’il avait eus de Marie, sœur de la sainte Vierge. Ainsi saint Jude l’apôtre était cousin germain de Jésus-Christ.

Hégésippe, cité par Eusèbe, dit que deux des petits-fils de

  1. Qui ? les anciens Romains qui n’avaient point de paye, les Grecs, les Tartares destructeurs de tant d’empires, les Arabes, tous les peuples conquérants. (Note de Voltaire.)
  2. Stromat., livre III. (Id.)
  3. Voyez Constitutions apostoliques, au mot Apocryphes, page 306 du présent volume.
  4. Stromat., livre VII ; et Eusèbe, livre III, chapitre xxx. (Note de Voltaire.)
  5. Act., chapitre xxi, vers. 9. (Id.)
  6. Eusèbe, livre III, chapitre xxix. (Id)