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APOCRYPHES.

en homme ; que la sévérité de la persécution ne vous trouble pas ; mais que votre esprit se fortifie, et exulte en Dieu votre sauveur. Amen. »

On prétend que ces lettres sont de l’an 116 de notre ère vulgaire ; mais elles n’en sont pas moins fausses et moins absurdes : ce serait même une insulte à notre sainte religion si elles n’avaient pas été écrites dans un esprit de simplicité qui peut faire tout pardonner.

XXVII.

Fragments des apôtres. On y trouve ce passage : « Paul, homme de petite taille, au nez aquilin,au visage angélique, instruit dans le ciel, a dit à Plantilla la Romaine avant de mourir : Adieu, Plantilla, petite plante de salut éternel ; connais ta noblesse, tu es plus blanche que la neige, tu es enregistrée parmi les soldats de Christ, tu es héritière du royaume céleste. » Cela ne méritait pas d’être réfuté.

XXVIII.

Onze Apocalypses, qui sont attribuées aux patriarches et prophètes, à saint Pierre, à Cérinthe, à saint Thomas, à saint Étienne protomartyr, deux à saint Jean, différentes de la canonique, et trois à saint Paul. Toutes ces Apocalypses ont été éclipsées par celle de saint Jean.

XXIX.

Les Visions, les Préceptes, et les Similitudes d’Hermas[1].

Hermas parait être de la fin du ier siècle. Ceux qui traitent son livre d’apocryphe sont obligés de rendre justice à sa morale. Il commence par dire que son père nourricier avait vendu une fille à Rome. Hermas reconnut cette fille après plusieurs années, et l’aima, dit-il, comme sa sœur : il la vit un jour se baigner dans le Tibre, il lui tendit la main, et la tira du fleuve, et il disait dans son cœur : « Que je serais heureux si j’avais une femme semblable à elle pour la beauté et pour les mœurs ! »

Aussitôt le ciel s’ouvrit, et il vit tout d’un coup cette même femme, qui lui fit une révérence du haut du ciel, et lui dit ; « Bonjour, Hermas. » Cette femme était l’Église chrétienne. Elle lui donna beaucoup de bons conseils.

Un an après, l’esprit le transporta au même endroit où il avait vu cette belle femme, qui pourtant était une vieille ; mais sa vieil-

  1. Imprimés dans le recueil de Cotelier déjà cité.