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ANGE.

Le troisième est Kur, dont on a fait depuis probablement Cyrus ; et c’est l’ange du soleil.

Le quatrième s’appelle Ma, et il préside à la lune.

Ainsi chaque ange a son district. C’est chez les Perses que la doctrine de l’ange gardien et du mauvais ange fut d’abord reconnue. On croit que Raphaël était l’ange gardien de l’empire persan.


des anges chez les hébreux.


Les Hébreux ne connurent jamais la chute des anges jusqu’aux premiers temps de l’ère chrétienne. Il faut qu’alors cette doctrine secrète des anciens brachmanes fût parvenue jusqu’à eux : car ce fut dans ce temps qu’on fabriqua le livre attribué à Énoch, touchant les anges pécheurs chassés du ciel.

Énoch devait être un auteur fort ancien, puisqu’il vivait, selon les Juifs, dans la septième génération avant le déluge ; mais puisque Seth, plus ancien encore que lui, avait laissé des livres aux Hébreux, ils pouvaient se vanter d’en avoir aussi d’Énoch. Voici donc ce qu’Énoch écrivit selon eux :

« Le nombre des hommes s’étant prodigieusement accru, ils eurent de très-belles filles ; les anges, les brillants, Egregori, en devinrent amoureux, et furent entraînés dans beaucoup d’erreurs. Ils s’animèrent entre eux, ils se dirent : Choisissons-nous des femmes parmi les filles des hommes de la terre. Semiaxas, leur prince, dit : Je crains que vous n’osiez pas accomplir un tel dessein, et que je ne demeure seul chargé du crime. Tous répondirent : Faisons serment d’exécuter notre dessein, et dévouons-nous à l’anathème si nous y manquons. Ils s’unirent donc par serment et firent des imprécations. Ils étaient au nombre de deux cents. Ils partirent ensemble, du temps de Jared, et allèrent sur la montagne appelée Hermonim à cause de leur serment. Voici le nom des principaux : Semiaxas, Atarcuph, Araciel, Chobabiel, Sampsich, Zaciel, Pharmar, Thausael, Samiel, Tyriel, Jumiel[1].

  1. Voltaire avait ici, comme au tome XI, page 142, écrit Atarculph, Hosampsich, Parmar, Sumiel. M. Renouard a le premier, en 1819, rétabli les noms de Atarcuph, Sampsich, Pharmar, Jumiel. Le nombre des anges principaux nommés dans le livre d’Énoch s’élève à vingt, savoir : 1. Semiazas ; 2. Atarcuph ; 3. Araciel ; 4. Chobabiel ; 5. Horammame ; 6. Ramiel ; 7. Sampsich ; 8. Zaciel ; 9. Balciel ; 10. Azalcel ; 11. Pharmarus ; 12. Amariel ; 13. Anagemas ; 14. Thausael ; 15. Samiel ; 16. Sarinas ; 17. Eumiel ; 18. Tyriel ; 19. Jumiel ; 20. Sariel. Plusieurs de ces noms ont été, comme on l’a vu, étrangement défigurés par les secrétaires ou copistes qu’employait Voltaire. (B.)