Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
ALCORAN, OU LE KORAN.

de leur faire la moindre querelle ; s’il en arrive une, prenez un arbitre de votre famille et un de la sienne.

V.

« Prenez une femme, ou deux, ou trois, ou quatre, et jamais davantage. Mais dans la crainte de ne pouvoir agir équitablement envers plusieurs, n’en prenez qu’une. Donnez-leur un douaire convenable ; ayez soin d’elles, ne leur parlez jamais qu’avec amitié...

VI.

« Il ne vous est pas permis d’hériter de vos femmes contre leur gré, ni de les empêcher de se marier à d’autres après le divorce, pour vous emparer de leur douaire, à moins quelles n’aient été déclarées coupables de quelque crime.

« Si vous voulez quitter votre femme pour en prendre une autre, quand vous lui auriez donné la valeur d’un talent en mariage, ne prenez rien d’elle.

VII.

« Il vous est permis d’épouser des esclaves, mais il est mieux de vous en abstenir,

VIII.

« Une femme renvoyée est obligée d’allaiter son enfant pendant deux ans, et le père est obligé pendant ce temps-là de donner un entretien honnête selon sa condition. Si on sèvre l’enfant avant deux ans, il faut le consentement du père et de la mère. Si vous êtes obligé de le confier à une nourrice étrangère, vous la payerez raisonnablement. »

En voilà suffisamment pour réconcilier les femmes avec Mahomet, qui ne les a pas traitées si durement qu’on le dit. Nous ne prétendons point le justifier ni sur son ignorance, ni sur son imposture ; mais nous ne pouvons le condamner sur sa doctrine d’un seul Dieu. Ces seules paroles du sura 122 : « Dieu est unique, éternel, il n’engendre point, il n’est point engendré, rien n’est semblable à lui ; » ces paroles, dis-je, lui ont soumis l’Orient encore plus que son épée.

Au reste, cet Alcoran dont nous parlons est un recueil de révélations ridicules et de prédications vagues et incohérentes, mais de lois très bonnes pour le pays où il vivait, et qui sont toutes encore suivies sans avoir jamais été affaiblies ou changées par des interprètes mahométans, ni par des décrets nouveaux.