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PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I.


De cette province vous entrez, au midi, dans le royaume d’Astracan. Ce pays commence au 43e degré et demi de latitude, sous le plus beau des climats, et finit vers le 50e comprenant environ autant de degrés de longitude que de latitude ; borné d’un côté par la mer Caspienne, de l’autre par les montagnes de la Circassie, et s’avançant encore au delà de la mer Caspienne, le long du mont Caucase ; arrosé du grand fleuve Volga, du Jaïk, et de plusieurs autres rivières entre lesquelles on peut, à ce que prétend l’ingénieur anglais Perri, tirer des canaux qui, en servant de lit aux inondations, feraient le même effet que les canaux du Nil, et augmenteraient la fertilité de la terre. Mais, à la droite et à la gauche du Volga et du Jaïk, ce beau pays était infesté plutôt qu’habité par des Tartares qui n’ont jamais rien cultivé, et qui ont toujours vécu comme étrangers sur la terre.

L’ingénieur Perri, employé par Pierre le Grand dans ces quartiers, y trouva de vastes déserts couverts de pâturages, de légumes, de cerisiers, d’amandiers. Des moutons sauvages, d’une nourriture excellente, paissaient dans ces solitudes. Il fallait commencer par dompter et par civiliser les hommes de ces climats pour y seconder la nature, qui a été forcée dans le climat de Pétersbourg.

Ce royaume d’Astracan est une partie de l’ancien Capshak, conquis par Gengis-kan, et ensuite par Tamerlan ; ces Tartares dominèrent jusqu’à Moscou. Leczar Jean Basilides, petit-fils d’Ivan Basilovitz, et le plus grand conquérant d’entre les Russes, délivra son pays du joug tartare, au xvie siècle, et ajouta le royaume d’Astracan à ses autres conquêtes en 1554.

Astracan est la borne de l’Asie et de l’Europe, et peut faire le commerce de l’une et de l’autre, en transportant par le Volga les marchandises apportées par la mer Caspienne. C’était encore un des grands projets de Pierre le Grand : il a été exécuté en partie. Tout un faubourg d’Astracan est habité par des Indiens.

ORENBOURG.

Au sud-est du royaume d’Astracan est un petit pays nouvellement formé, qu’on appelle Orenbourg : la ville de ce nom a été bâtie en 1734, sur le bord du fleuve Jaïk. Ce pays est hérissé des branches du mont Caucase. Des forteresses élevées de distance en