Tandis que le parlement procédait, l’assemblée du clergé promulguait une loi civile[1] qui déclarait que les héritiers de la couronne ne pouvaient se marier sans le consentement du chef de la maison. On envoya un évêque de Montpellier à Rome pour faire accepter cette décision par le pape, qui la réprouva. Un règlement de police ne parut pas au pape une loi de l’Église. Si le roi, dont la santé était très-chancelante, fût mort alors, Gaston eût régné sans difficulté, et il aurait aussi sans difficulté fait regarder comme très-valide ce même mariage dont le parlement et le clergé français avaient prononcé la nullité. Heureusement Louis XIII approuva enfin le mariage de son frère. Mais la loi qui défend aux princes du sang de laisser une postérité sans le consentement du roi a toujours subsisté depuis, et le sentiment de Rome qui tient ces mariages valides a subsisté de même ; source éternelle de divisions, jusqu’à ce que tous les hommes soient bien convaincus qu’il importe fort peu que ce qui est vrai à Paris soit faux dans le comtat d’Avignon, et que chaque État doit se gouverner selon ses lois, indépendamment d’une théologie ultramontaine.
Il est singulier que le parlement n’eût pas hésité à casser et annuler le mariage de l’héritier du royaume, contracté du consentement de sa mère, célébré selon toutes les formalités de l’Église, et qu’il refusât constamment pendant dix-huit mois l’enregistrement des lettres patentes qui établissaient l’Académie française. Les uns crurent qu’après un arrêt rendu en faveur de l’université et d’Aristote, cette compagnie craignait qu’une société d’hommes éclairés, encouragée par l’autorité royale, n’enseignât des nouveautés. D’autres pensèrent que le parlement ne voulait pas qu’en cultivant l’éloquence, inconnue chez les Français, la barbarie du style du barreau devînt un sujet de mépris. D’autres
- ↑ 7 juillet 1635. (Note de Voltaire.)