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PRÉFACE

HISTORIQUE ET CRITIQUE.

§ 1er.

[1]Lorsque, vers le commencement du siècle où nous sommes, le czar Pierre jetait les fondements de Pétersbourg, ou plutôt de son empire, personne ne prévoyait le succès. Quiconque aurait

  1. Dans l’édition de 1759, cette préface commençait ainsi :

    « Qui aurait dit, en 1700, qu’une cour magnifique et polie serait établie au fond du golfe de Finlande ; que les habitants du Solikam, de Casan et des bords du Volga et du Saïk, seraient au rang de nos troupes les plus disciplinées, qu’ils remporteraient des victoires en Allemagne, après avoir vaincu les Suédois et les Ottomans ; qu’un empire de deux mille lieues, presque inconnu de nous jusqu’alors, serait policé en cinquante années ; que son influence s’étendrait sur toutes nos cours, et qu’en 1750, le plus zélé protecteur des lettres en Europe serait un Russe ? Qui l’aurait dit eût passé pour le plus chimérique de tous les hommes. Pierre le Grand ayant fait et préparé seul toute cette révolution, que personne n’avait pu prévoir, est peut-être de tous les princes celui dont les faits méritent le plus d’être transmis à la postérité.

    La cour de Pétersbourg a fait parvenir à l’historien chargé de cet ouvrage tous les documents authentiques. Il est dit dans le corps de cette histoire que ces mémoires sont déposés dans la bibliothèque publique de Genève, ville assez fréquentée, et voisine des terres où cet historien demeure. Mais comme toutes les instructions et tout le journal de Pierre le Grand ne lui ont pas encore été communiqués, il a pris le parti de garder chez lui ces archives, qui seront montrées à tous les curieux, avec la même facilité qu’elles le seraient par les gardes de la bibliothèque de Genève ; et le tout y sera déposé quand le second volume sera achevé.

    Le public a quelques prétendues histoires, etc. »

    Dans l’édition in-4° de 1768, le second alinéa est réduit à ces mots : « La cour de Pétersbourg a fait, parvenir à l’historien chargé de cet ouvrage tous les documents authentiques. Il n’a écrit que sur des preuves incontestables. Le public, etc. »

    Le début actuel est de 1775, ainsi que la disposition des paragraphes. Jusque-là, ce qui forme aujourd’hui le paragraphe ii faisait partie du paragraphe ier. Le paragraphe iii actuel n’était que le ii, et successivement pour les quatre suivants. Quant au paragraphe viii, il fut et est composé d’une partie de l’avis Au lecteur, qui se lisait en tête de la première édition de la seconde partie. (B.)