Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome16.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
LIVRE DEUXIÈME.


Charles était encore auprès de Thorn, dans cette partie de la Prusse royale qui appartient à la Pologne ; il portait de là sa vue sur ce qui se passait à Varsovie, et tenait en respect les puissances voisines. Le prince Alexandre, frère des deux Sobieski enlevés en Silésie, vint lui demander vengeance. Charles la lui promit d’autant plus qu’il la croyait aisée, et qu’il se vengeait lui-même. Mais, impatient de donner un roi à la Pologne, il proposa au prince Alexandre de monter sur le trône, dont la fortune s’opiniâtrait à écarter son frère. Il ne s’attendait pas à un refus. Le prince Alexandre lui déclara que rien ne pourrait jamais l’engager à profiter du malheur de son aîné. Le roi de Suède, le comte Piper, tous ses amis, et surtout le jeune palatin de Posnanie, Stanislas Leczinski, le pressèrent d’accepter la couronne. Il fut inébranlable : les princes voisins apprirent avec étonnement ce refus inouï, et ne savaient lequel ils devaient admirer davantage, ou un roi de Suède, qui à l’âge de vingt-trois ans donnait la couronne de Pologne, ou le prince Alexandre, qui la refusait.

fin du livre deuxième