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PRÉFACE DE L'ÉDITION DE 1748.


des affaires du monde ; et c’est peut-être ce qui détermina Charles XII à le choisir pour son confesseur : je ne sais s’il a fait de ce prince un bon chrétien ; mais assurément il n’en a pas fait un héros, et Charles XII serait ignoré s’il n’était connu que par Nordberg.

Il est bon d’avertir ici que l’on a imprimé, il y a quelques années, une petite brochure intitulée Remarques historiques et critiques sur l’histoire de Charles XII par M. de Voltaire[1]. Ce petit ouvrage est du comte Poniatowski : ce sont des réponses qu’il avait faites à de nouvelles questions de ma part dans son dernier voyage à Paris ; mais, son secrétaire en ayant fait une double copie, elle tomba entre les mains d’un libraire, qui ne manqua pas de l’imprimer ; et un correcteur d’imprimerie de Hollande intitula Critique cette instruction de M. Poniatowski, pour la mieux débiter. C’est un des moindres brigandages qui s’exercent dans la librairie.

La Motraye, domestique de M. Fabrice[2], avait aussi imprimé quelques remarques sur cette histoire. Parmi les erreurs et les petitesses dont cette critique de La Motraye est remplie, il ne laisse pas de se trouver quelque chose de vrai et d’utile : et j’ai eu soin d’en faire usage dans les dernières éditions, et surtout dans celle de 1739 : car, en fait d’histoire, rien n’est à négliger ; et il faut consulter, si l’on peut, les rois et les valets de chambre.


  1. Ce titre est celui de l’ouvrage de La Motraye, dont Voltaire parle plus bas. L’écrit de Poniatowski est intitulé Remarques d’un seigneur polonais sur l’Histoire de Charles XII, et parut en 1741 ; j’en ai parlé dans mon Avertissement. (B.)
  2. La Motraye n’était pas domestique de Fabrice, dans le sens qu’a ce mot aujourd’hui. J’ai parlé de son livre dans la note précédente et dans mon Avertissement. (B.)