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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.
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Certainement il voulait dénigrer l’ouvrage de Voltaire ; mais cela n’était pas dans l’intérêt du libraire qui le réimprimait. Aussi ce dernier, dans l’Avertissement, annonce offrir au public un excellent livre augmenté de remarques qui le rendront encore meilleur. Au reste, plusieurs des remarques des tomes II et III sont ainsi conçues : Ce chapitre est très-beau ; Ce portrait est admirable, etc. Il peut se faire que les notes flatteuses soient de Mainvillers, et toutes les autres de La Beaumelle. Dans tous les cas, j’ai signé d’un L les notes extraites de l’édition de Francfort.

Voltaire, en réponse à son critique, fit paraître son Supplément au Siècle de Louis XIV, qui circulait à Paris dès le mois de mai. Le 15 de ce mois, la police en fit la perquisition chez le libraire Lambert[1]. L’édition originale est intitulée Supplément au Siècle de Louis XIV, Catilina, tragédie, et autres pièces du même auteur, Dresde, 1753, chez G.-C. Walher, petit in-8o de xvj et 184 pages. La seule pièce qui soit après Catilina est l’Examen du testament politique du cardinal Albéroni. Cette édition contient la lettre ou dédicace à M. Roques[2].

Au lieu de cette Dédicace, il y a dans les diverses éditions du volume intitulé Siècle politique de Louis XIV, un Mémoire de M. F. de Voltaire apostillé par M. de La Beaumelle, et qu’on peut regarder comme la première version de la dédicace à M. Roques. Si la date de 27 janvier 1753 que lui donne La Beaumelle est exacte, ce mémoire est peut-être le testament littéraire dont Voltaire parle dans sa lettre à d’Argental, du 10 février 1753. Je l’ai imprimé en forme de variante et en note à la fin de la lettre à M. Roque (page 95).

Colini, alors secrétaire de Voltaire, et qui trouvait le Supplément beaucoup plus mordant que les notes de son commentateur, fit de vains efforts pour en empêcher la publication[3].

La Beaumelle répliqua par une Réponse au Supplément du Siècle de Louis XIV, Colmar, 1754, in-12, rédigée dès le mois d’octobre 1753, c’est-à-dire aussitôt après sa sortie de la Bastille, mais qui ne put être imprimée qu’en avril 1754. Il y reproduisit une Lettre sur mes démêlés avec M. de Voltaire, déjà imprimée plusieurs fois, et le Mémoire apostillé.

L’acharnement de Voltaire et de La Beaumelle l’un contre l’autre n’a cessé qu’avec la vie. Les Lettres de M. de La Beaumelle à M. de Voltaire, 1763, in-12 de 213 pages, sont une nouvelle édition entièrement refondue de la Réponse au Supplément, avec quelques autres morceaux relatifs à Voltaire.

B.
Ce 29 mai 1830.




  1. Manuscrits de d’Hemery, inspecteur de police pour la librairie.
  2. Jacques-Emmanuel Roques de Maumont de La Rochefoucauld, né en 1727, mort le 10 mars 1805, a publié une Lettre sur la part qu’il a eue aux démêlés de MM. deVoltaire et La Beaumelle, Hanovre, 1755, in-8o, dont je ne parle toutefois que d’après Meusel. (B.)
  3. Mon Séjour auprès de Voltaire, 1807, in-8o, pages 47 et 59.