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CHAPITRE XXXVI.


universelle ; il était, dit de Thou, le conseil des ministres d’État, et le juge perpétuel des grands affaires, sans magistrature.

(28 mars 1594) Le chancelier vint au parlement accompagné des ducs et pairs, des grands officiers de la couronne, des conseillers d’État des maîtres des requêtes. Ce même Pierre Pithou, qui n’était point magistrat, fit les fonctions de procureur général. Le chancelier apportait un édit qui pardonnait au parlement, qui le rétablissait, et qui faisait en même temps l’éloge de l’arrêt qu’il avait donné en faveur de la loi salique, malgré le légat et les ambassadeurs d’Espagne, après quoi tous les membres du corps prêtèrent serment de fidélité entre les mains du chancelier.

Les officiers du parlement de Châlons et de Tours revinrent bientôt après. Ils reconnurent ceux de Paris pour leurs confrères, et leur seule distinction fut d’avoir le pas sur eux.

Le même jour le parlement, rétabli par le roi, annula tout ce qui avait été fait contre Henri III et Henri IV. Il cassa les états de la Ligue ; il ordonna au duc de Mayenne, sous peine de lèse-majesté, d’obéir au roi ; il institua à perpétuité cette procession à laquelle il assiste tous les ans, le 22 mars[1], en robes rouges, pour remercier Dieu d’avoir rendu Paris à Henri IV, et Henri IV à Paris. Dès ce jour il passa de la rébellion à la fidélité, et reprit surtout ses anciens sentiments de patriotisme qui ont été le plus ferme rempart de la France contre les entreprises de la cour de Rome.



CHAPITRE XXXVI.


HENRI IV ASSASSINÉ PAR JEAN CHÂTEL. JÉSUITES CHASSÉS. LE ROI MAUDIT À ROME, ET PUIS ABSOUS.


Le roi était maître de sa capitale, il était prêt de l’être de Rouen ; mais la moitié de la France était encore à la Ligue et à l’Espagne : il était reconnu par le parlement de Paris, mais non pas par les moines ; la plupart des curés de Paris refusaient de prier pour lui. Dès qu’il entra dans la ville, il eut la bonté de

  1. Depuis la suppression des parlements, cette procession n’a plus lieu. (B.)