homme qui avait beaucoup de crédit dans la ville, et des idées plus saines que le maréchal de Brissac, traitait déjà secrètement avec le roi. L’Huillier, prévôt des marchands, entra bientôt dans le même dessein : ils y entraînèrent Brissac ; plusieurs membres du parlement se joignirent secrètement à lui. Le premier président Le Maître était à la tête ; le procureur général Mole, les conseillers Pierre d’Amours et Guillaume du Vair, s’assemblaient secrètement à l’Arsenal. Le reste du parlement n’était point dans le secret ; il rendit même un arrêt[1] par lequel il défendait toutes sortes d’assemblées et d’amas d’armes. L’arrêt portait que les maisons où ces assemblées secrètes auraient été tenues seraient rasées ; toute entreprise, tout discours contre la sainte Ligue était réputé crime d’État.
Cet arrêt calmait les inquiétudes des ligueurs. Le légat et le cardinal Pellevé, qui faisaient promener dans Paris la châsse de sainte Geneviève, les ambassadeurs d’Espagne, la faction des Seize, les moines, la Sorbonne, étaient rassurés et tranquilles, lorsque le lendemain, 22 mars, à quatre heures du matin, un bruit de mousqueterie et des cris de vive le roi ! les réveillèrent.
Le prévôt des marchands, L’Huillier, l’échevin Langlois, avaient passé la nuit sous les armes avec tous les bourgeois qui étaient du complot. On ouvrit à la fois la porte des Tuileries, celle de Saint-Denis, et la Porte-Neuve[2] ; les troupes du roi entraient par ces trois côtés et vers la Bastille. Il n’en coûta la vie qu’à soixante soldats de troupes étrangères postées au delà du Louvre, et Henri IV était déjà maître de Paris avant que le cardinal légat fût éveillé.
On ne peut mieux faire que de rapporter ici les paroles de ce respectable Français Auguste de Thou : « On vit presque en un moment les ennemis de l’État chassés de Paris, les factions éteintes, un roi légitime affermi sur son trône, l’autorité du magistrat, la liberté publique et les lois rétablies. »
Henri IV mit ordre à tout. Un de ses premiers soins fut de charger le chancelier Chiverny d’arracher et de déchirer au greffe du parlement toutes les délibérations, tous les arrêts attentatoires à l’autorité royale produits par ces temps malheureux. Le savant Pierre Python s’acquitta de ce ministère par l’ordre du chancelier. C’était un homme d’une érudition presque