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CHAPITRE XXIV.


Le prince de Condé s’empara de la ville d’Orléans (avril 1562), et se fit déclarer, par son parti, protecteur du royaume de France ; soit qu’il empruntât ce titre des Anglais[1]. comme il est très-vraisemblable, soit que les circonstances présentes le fournissent d’elles-mêmes.

Au lieu d’apaiser cette guerre civile naissante, le parlement, où le parti des Guises dominait toujours, rendit, au mois de juillet 1562, plusieurs arrêts par lesquels il proscrivait les protestants, ordonnait à toutes les communautés de prendre les armes, de poursuivre et de tuer tous les novateurs qui s’assembleraient pour prier Dieu en français.

Le peuple, déchaîné par la magistrature, exerça sa cruauté ordinaire partout où il fut le plus fort ; à Ligueil en Touraine il étrangla plusieurs habitants, arracha les yeux au pasteur du temple, et le brûla à petit feu. Cormery, Loches, l’île Bouchard, Azai-le-Rideau, Vendôme, furent saccagés ; les tombeaux des ducs de Vendôme mis en pièces, leurs corps exhumés, dans l’espérance d’y trouver quelques joyaux, et leurs cendres jetées au vent. Ce fut le prélude de cette Saint-Barthélemy qui effraya l’Europe dix années après, et dont le souvenir inspirera une horreur éternelle.



CHAPITRE XXIV.


DU CHANCELIER DE L’HOSPITAL, DE L’ASSASSINAT DE FRANÇOIS DE GUISE.


On croit bien que toutes ces cruautés ne furent point sans représailles ; les protestants firent autant de mal qu’on leur en faisait, et la France fut un vaste théâtre de carnage. Le parlement de Toulouse fut partagé. Vingt-deux conseillers tenaient encore pour les édits de pacification, les autres voulaient que les protestants fussent exterminés. Ceux-ci se retranchèrent dans l’hôtel

    mourant il désavoue d’avoir projeté le tumulte de Vassy ? D’ailleurs, le style de la déclaration qu’on nous a transmise n’est ni d’un mourant, ni du duc de Guise : c’est une pièce évidemment fabriquée ; et quand il serait vrai qu’on l’eût fait adopter ou signer à ce duc mourant, on sent combien cette circonstance ôterait encore de force à son témoignage. (K.)

  1. Voyez tome XIII, page 79.