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CHAPITRE XV.


dans lequel on dit que le roi et le pape avaient pris ce qui ne leur appartenait pas, et donné ce qu’ils ne pouvaient donner ; mais il est très-vrai que le roi, en reprenant par ce traité le droit de nommer aux évêchés et aux abbayes de son royaume, ne reprenait que la prérogative de tous les premiers rois de France. Les élections causaient souvent des troubles, et la nomination du roi n’en apporte pas. Les rois avaient fondé tous les biens de l’Église, ou avaient succédé aux princes dont l’Église avait reçu ces terres : il était juste qu’ils conférassent les bénéfices fondés par eux, sauf aux seigneurs, descendants reconnus des premiers fondateurs, de nommer dans leurs terres à ces biens de l’Église, donnés par leurs ancêtres, comme le roi devait conférer les biens donnés par les rois ses aïeux.

Mais il n’était ni dans la loi naturelle, ni dans celle de Jésus-Christ, qu’un évêque ultramontain reçût en argent comptant la première année des fruits que ces terres produisent ; que la promotion d’un évêque d’un siége à un autre valût encore à ce pontife étranger une année des revenus des deux évêchés ; qu’un évêque n’osât s’intituler pasteur de son troupeau que par la permission du saint-siége de Rome, jadis l’égal en tout des autres siéges.

Cependant les droits des ecclésiastiques gradués étaient conservés : de trois bénéfices vacants, ils pouvaient, par la pragmatique, en postuler un, et par le concordat on leur accordait le droit d’impétrer un bénéfice pendant quatre mois de l’année ; ainsi l’université n’avait point à se plaindre de cet arrangement.

Le concordat déplut à toute la France. Le roi vint lui-même au parlement ; il y convoqua plusieurs évêques, le chapitre de la cathédrale de Paris, et des députés de l’université. Le cardinal de Boissy, à la tête du clergé convoqué, dit « qu’on ne pouvait recevoir le concordat sans assembler toute l’Église gallicane. » François Ier lui répondit : « Allez donc à Rome contester avec le pape ».

Le parlement, après plusieurs séances, conclut à rejeter le concordat jusqu’à l’acceptation de l’Église de France. L’université défendit aux libraires, qui alors dépendaient d’elle, d’imprimer le concordat ; elle appela au futur concile.

Le conseil du roi rendit un édit par lequel il défendait à l’université de se mêler des affaires d’État, sous peine de privation de ses priviléges. Le parlement refusa d’enregistrer cet édit ; tout fut en confusion. Le roi nommait-il un évêque, le chapitre en élisait un autre ; il fallait plaider. Les guerres fatales de François Ier ne servirent qu’à augmenter ces troubles. Il arriva que le