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tous les événements dans ce chaos des affaires politiques du monde, c’est de voir un Irlandais chassé de sa patrie avec la famille de son roi, commandant à six mille lieues des troupes françaises dans une guerre de marchands, sur des rivages inconnus aux Alexandre, aux Gengis, et aux Tamerlan, mourant du dernier supplice sur le bord de la Seine pour avoir été pris par des Anglais dans l’ancien golfe du Gange[1].

Cette catastrophe, qui m’a semblé digne d’être transmise à la postérité dans toutes ses circonstances, ne m’a pas permis de détailler tous les malheurs que les Français éprouvèrent dans l’Inde et dans l’Amérique. En voici un triste résumé.



CHAPITRE XXXV.

PERTES DES FRANÇAIS.


(Mars 1757) La première perte des Français dans l’Inde fut celle de Chandernagor, poste important dont la compagnie française était en possession, vers les embouchures du Gange. C’était de là qu’elle tirait ses plus belles marchandises.

Depuis la prise de la ville et du fort de Chandernagor, les Anglais ne cessèrent de ruiner le commerce des Français dans l’Inde. Le gouvernement de l’empereur était si faible et si mauvais qu’il ne pouvait empêcher les marchands d’Europe de faire des ligues et des guerres dans ses propres États. Les Anglais eurent même la hardiesse de venir attaquer Surate, une des plus belles villes de l’Inde, et la plus marchande, appartenante à l’empereur. (Mars 1758) Ils la prirent, ils la pillèrent, ils y détruisirent

    les chapitres xviii et xix des Fragments sur l’Inde). (Note de Voltaire.) — Sur la circonstance que le parlement députa au roi pour le prier de ne pas faire grâce au condamné, Voltaire dit : Cela est très-faux. M. Clogenson observe que cela est très-vrai, si l’on s’en rapporte à ce qui est dit sur ce point dans la Biographie universelle, article Lally ; mais il est à remarquer que l’article anonyme de la Biographie universelle est de feu Lally fils. (B.)

  1. On sait avec quelle énergie Voltaire s’employa à la réhabilitation du général. Au moment de mourir, le philosophe apprit que le fils de Lally avait obtenu la cassation de l’arrêt de son père. Il lui écrivit : « Je meurs content ! » Ce fut le parlement de Bourgogne qui revisa le procès.