Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ce prince, et dans celle de l’infant don Philippe jusqu’à la paix.

Au commencement de la campagne de 1745, en Italie, les apparences furent aussi favorables à la maison de France qu’elles l’avaient été en Autriche, en 1741. Les chemins étaient ouverts aux armées espagnole et française par la voie de Gênes. Cette république, forcée par la reine de Hongrie et par le roi de Sardaigne à se déclarer contre eux, avait enfin fait son traité définitif : elle devait fournir environ dix-huit mille hommes. L’Espagne lui donnait trente mille piastres par mois, et cent mille une fois payées pour le train d’artillerie, que Gênes fournissait à l’armée espagnole : car, dans cette guerre si longue et si variée, les États puissants et riches soudoyèrent toujours les autres. L’armée de don Philippe, qui descendait des Alpes avec la française, jointe au corps des Génois, était réputée de quatre-vingt mille hommes. Celle du comte de Gages, qui avait poursuivi les Allemands aux environs de Rome, s’avançait, forte d’environ trente mille combattants, en comptant l’armée napolitaine. C’était au temps même que le roi de Prusse, vers la Saxe, et le prince de Conti, vers le Rhin, empêchaient que les forces autrichiennes ne pussent secourir l’Italie. (28 juin 1745) Les Génois même eurent tant de confiance qu’ils déclarèrent la guerre dans les formes au roi de Sardaigne. Le projet était que l’armée espagnole et la napolitaine viendraient joindre l’armée française et espagnole dans le Milanais.

Au mois de mars 1745, le duc de Modène et le comte de Gages, à la tête de l’armée d’Espagne et de Naples, avaient poursuivi les Autrichiens des environs de Rome à Rimini, de Rimini à Césène, à Imola, à Forli, à Bologne, et enfin jusque dans Modène.

Le maréchal de Maillebois, élève du célèbre Villars, déclaré capitaine général de l’armée de don Philippe, arriva bientôt par Vintimille et Oneille, et descendit vers le Montferrat, sur la fin du mois de juin, à la tête des Espagnols et des Français.

De la petite principauté d’Oneille on descend dans le marquisat de Final, qui est à l’extrémité du territoire de Gênes, et de là on entre dans le Montferrat mantouan, pays encore hérissé de rochers qui sont une suite des Alpes ; après avoir marché dans des vallées, entre ces rochers, on trouve le terrain fertile d’Alexandrie ; et, pour aller droit à Milan, on va d’Alexandrie à Tortone. À quelques milles de là vous passez le Pô ; ensuite se présente Pavie, sur le Tésin ; et de Pavie, il n’y a qu’une journée à la grande ville de Milan, qui n’est point fortifiée, et qui envoie toujours ses clefs à quiconque a passé le Tésin, mais qui a un château très-fort et capable de résister longtemps.