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SUPPLÉMENT


AU


SIÈCLE DE LOUIS XIV




PREMIÈRE PARTIE[1].


Les éditions nombreuses d’un livre, dans sa nouveauté, ne prouvent jamais que la curiosité du public, et non le mérite de l’ouvrage. L’auteur du Siècle de Louis XIV sentait tout ce qui manquait à ce monument qu’il avait voulu élever à l’honneur de sa nation. Il serait incomparablement moins indigne de la France s’il avait été achevé dans son sein ; mais on sait quels engagements et quel attachement d’un côté, quelles bontés prévenantes de l’autre, avaient arraché l’auteur à sa patrie. Parvenu à un âge assez avancé, éprouvant, par des maladies continuelles, une décrépitude prématurée, et craignant d’être prévenu par la mort il hasarda enfin, au commencement de l’année 1752, de livrer au public la faible esquisse du Siècle de Louis XIV, dans l’espérance que cet ouvrage engagerait les gens de lettres, et les hommes instruits des affaires publiques, à lui fournir de nouvelles couleurs pour achever le tableau. Il ne s’est pas trompé dans son attente. Il a reçu des instructions de toutes parts, et il s’est trouvé en état, dans l’espace d’une année, de donner une meilleure forme à son ouvrage. Il a tout retouché, jusqu’au style. La même impartialité reconnue règne dans le livre, mais avec une attention beaucoup plus scrupuleuse. Il est permis à l’auteur de le dire, parce qu’il est permis d’annoncer qu’on s’est acquitté d’un

  1. Dans quelques-unes des premières éditions, cette partie est intitulée Réfutation des notes critiques que M. de La Beaumelle a faites sur le Siècle de Louis XIV. Le début, tel qu’on le lit ici, a été ajouté Depuis. (B.)