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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

Furetière (Antoine), né en 1620, fameux par son Dictionnaire et par sa querelle. Mort en 1688.

Gacon (François), né à Lyon en 1667, mis par le P. Nicéron dans le catalogue des hommes illustres, et qui n’a été fameux que par de grossières plaisanteries, qu’on appelle brevets de la calotte. Ces turpitudes ont pris leur source dans je ne sais quelle association qu’on appelait le régiment des fous et de la calotte. Ce n’est pas là assurément du bon goût. Les honnêtes gens ne voient qu’avec mépris de tels ouvrages et leurs auteurs, qui ne peuvent être cités que pour faire abhorrer leur exemple. Gacon n’écrivit presque que de mauvaises satires en mauvais vers contre les auteurs les plus estimés de son temps. Ceux qui n’en écrivent aujourd’hui qu’en mauvaise prose sont encore plus méprisés que lui. On n’en parle ici que pour inspirer le même mépris envers ceux qui pourraient l’imiter. Mort en 1725.

Galland (Antoine), né en Picardie en 1646. Il apprit à Constantinople les langues orientales, et traduisit une partie des Contes arabes, qu’on connaît sous le titre de Mille et une Nuits ; il y mit beaucoup du sien : c’est un des livres les plus connus en Europe ; il est amusant pour toutes les nations. Mort en 1715.

Gallois (l’abbé Jean), né à Paris en 1632, savant universel, fut le premier qui travailla au Journal des savants avec le conseiller-clerc Sallo, qui avait conçu l’idée de ce travail. Il enseigna depuis un peu de latin au ministre d’État Colbert, qui, malgré ses occupations, crut avoir assez de temps pour apprendre cette langue ; il prenait surtout ses leçons en carrosse dans ses voyages de Versailles à Paris. On disait, avec vraisemblance, que c’était en vue d’être chancelier. On peut observer que les deux hommes qui ont le plus protégé les lettres ne savaient pas le latin, Louis XIV et M. Colbert. On prétend que l’abbé Gallois disait : M. Colbert veut quelquefois se familiariser avec moi, mais je le repousse par le respect. » On attribue ce même mot à Fontenelle à l’égard du régent : il est plus dans le caractère de Fontenelle, et le régent avait dans le sien plus de familiarité que Colbert. Mort en 1707.

Gassendi (Pierre Gassend, plus connu sous le nom de), né en Provence en 1592, restaurateur d’une partie de la physique d’Épicure. Il sentit la nécessité des atomes et du vide. Newton et d’autres ont démontré depuis ce que Gassendi avait affirmé. Il eut moins de réputation que Descartes, parce qu’il était plus raisonnable, et qu’il n’était pas inventeur ; mais on l’accusa, comme Descartes, d’athéisme. Quelques-uns crurent que celui qui admet-