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ÉCRIVAINS FRANÇAIS


Dufresnoi (Charles-Alfonse), né à Paris en 1611, peintre et poëte. Son poëme de la Peinture a réussi auprès de ceux qui peuvent lire d’autres vers latins que ceux du siècle d’Auguste. Mort en 1665.

Dufresny (Charles Rivière), né à Paris en 1648. Il passait pour petit-fils de Henri IV, et lui ressemblait. Son père avait été valet de garde-robe de Louis XIII, et le fils l’était de Louis XIV, qui lui fit toujours du bien, malgré son dérangement, mais qui ne put l’empêcher de mourir pauvre. Avec beaucoup d’esprit et plus d’un talent, il ne put jamais rien faire de régulier. On a de lui beaucoup de comédies, et il n’y en a guère où l’on ne trouve des scènes jolies et singulières. Mort en 1724.

Du Guai-Trouin (René), né à Saint-Malo en 1673, d’armateur devenu lieutenant général des armées navales, l’un des plus grands hommes en son genre, a donné des Mémoires[1] écrits du style d’un soldat, et propres à exciter l’émulation chez ses compatriotes. Mort en 1736.

Duguet (Jacques-Joseph), né en Forez en 1649 ; l’une des meilleures plumes du parti janséniste. Son livre de l’Éducation d’un roi n’a point été fait pour le roi de Sardaigne, comme on l’a dit, et il a été achevé par une autre main[2]. Le style de Duguet est formé sur celui des bons écrivains de Port-Royal. Il aurait pu comme eux rendre de grands services aux lettres ; trois volumes sur vingt-cinq chapitres d’Isaïe prouvent qu’il n’était avare ni de son temps ni de sa plume. Mort en 1733.

Duhalde (Jean-Baptiste), jésuite, quoiqu’il ne soit point sorti de Paris, et qu’il n’ait point su le chinois, a donné sur les Mémoires de ses confrères la plus ample et la meilleure description de l’empire de la Chine[3] qu’on ait dans le monde. Mort en 1743.

L’insatiable curiosité que nous avons de connaître à fond la religion, les lois, les mœurs des Chinois, n’est point encore satisfaite : un bourgmestre de Middelbourg, nommé Hudde[4], homme

  1. 1740, in-4o, réimprimés en divers formats.
  2. L’Institution d’un prince n’a été publiée qu’après la mort de Duguet, Londres, 1739, in-4o, ou quatre volumes in-12. Si, malgré ce que dit Voltaire, ce traité a été composé pour l’éducation d’un prince de Savoie, ce doit avoir été pour Charles-Emmanuel, né en 1701, plutôt que Victor-Amédée, né en 1726. (B.)
  3. L’abbé Grosier a donné une Description de la Chine, qui forme le treizième volume de l’Histoire générale de la Chine, 1777-85, treize volumes in-4o, et a été réimprimée séparément en deux volumes in-8o, puis, en 1818-1820, sept volumes in-8o.
  4. Voltaire a composé une Lettre de M. Hudde, échevin d’Amsterdam. Il n’en reste qu’un fragment publié pour la première fois par Beuchot, et que nous donnerons dans le tome dernier des Mélanges.