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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

pour une querelle de paroisse, il écrivit contre excommunication, il combattit la clôture des religieuses ; et, dans son Traité de l’usure, il soutint vivement l’usage autorisé en Bresse de stipuler les intérêts avec le capital, usage approuvé dans plus de la moitié de l’Europe, et reçu dans l’autre par tous les négociants, malgré les lois qu’on élude. Il assura aussi que les dîmes qu’on paye aux ecclésiastiques ne sont pas de droit divin. Mort en 1718.

Colomiez (Paul). Le temps de sa naissance est inconnu[1] ; la plupart de ses ouvrages commencent à l’être ; mais ils sont utiles à ceux qui aiment les recherches littéraires. Mort à Londres en 1692.

Commire (Jean), jésuite. Il réussit parmi ceux qui croient qu’on peut faire de bons vers latins, et qui pensent que des étrangers peuvent ressusciter le siècle d’Auguste dans une langue qu’ils ne peuvent pas même prononcer. Mort en 1702.

In silvam non ligna feras.

Hor., sat. X, lib. I.

Conti (Armand de Bourbon, prince de), frère du grand Condé[2], destiné d’abord pour l’état ecclésiastique, dans un temps où le préjugé rendait encore la dignité de cardinal supérieure à celle d’un prince du sang de France. Ce fut lui qui eut le malheur d’être généralissime de la Fronde contre la cour et même contre son frère. Il fut depuis dévot et janséniste. Nous avons de lui le Devoir des grands. Il écrivit sur la grâce contre le jésuite de Champs, son ancien préfet[3]. Il écrivit aussi contre la comédie ; il eût peut-être mieux fait d’écrire contre la guerre civile. Cinna et Polyeucte étaient aussi utiles et aussi respectables que la guerre des portes cochères et des pots de chambre était injuste et ridicule.

Cordemoi (Géraud de), né à Paris. Il a le premier débrouillé le chaos des deux premières races des rois de France ; on doit cette utile entreprise au duc de Montausier, qui chargea Cordemoi de faire l’histoire de Charlemagne, pour l’éducation de Monseigneur. Il ne trouva guère dans les anciens auteurs que des absurdités et des contradictions. La difficulté l’encouragea, et il débrouilla les deux premières races. Mort en 1684.

  1. Il est né à la Rochelle en 1638.
  2. Voyez page 6.
  3. Les Lettres sur la grâce, par Étienne-Agard de Champs (né à Bourges, en 1613, mort le 31 juillet 1701), forment un volume, 1689, in-12, qui contient les réponses du prince.