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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

l’empire romain, surpassés aujourd’hui par les nôtres en beauté, mais non pas en solidité. Son fils mit la dernière main à cet ouvrage utile, et le fit imprimer sous Louis XIV[1]. Mort en 1623.

Bernard[2] (Mlle), auteur de quelques pièces de théâtre, conjointement avec le célèbre Bernard de Fontenelle, qui a fait presque tout le Brutus. Il est bon d’observer que la Fable allégorique de l’imagination et du bonheur, qu’on a imprimée sous son nom, est de l’évêque de Nîmes, La Parisière, successeur de Fléchier.

Bernard (Jacques), du Dauphiné, né en 1658, savant littérateur. Ses journaux ont été estimés. Mort en Hollande, en 1718.

Bernier (François), surnommé le Mogol ; né à Angers, vers l’an 1625. Il fut huit ans médecin de l’empereur des Indes. Ses Voyages sont curieux. Il voulut, avec Gassendi, renouveler en partie le système des atomes d’Épicure ; en quoi certes il avait très-grande raison, les espèces ne pouvant être toujours reproduites les mêmes, si les premiers principes ne sont invariables : mais alors les romans de Descartes prévalaient. Mort en vrai philosophe, en 1688.

Bignon (Jérôme), né en 1589. Il a laissé un plus grand nom que de grands ouvrages. Il n’était pas encore du bon temps de la littérature. Le parlement, dont il fut avocat général, chérit avec raison sa mémoire. Mort en 1656.

Billaut (Adam), connu sous le nom de maître Adam, menuisier à Nevers. Il ne faut pas oublier cet homme singulier qui, sans aucune littérature, devint poëte dans sa boutique. On ne peut s’empêcher de citer de lui ce rondeau, qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de Benserade :

Pour te guérir de cette sciatique
Qui te retient comme un paralytique
Dedans ton lit sans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d’un fin jus de sarment,
Puis lis comment on le met en pratique.

Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Dessus l’externe où la douleur te pique ;
Et tu boiras le reste promptement
Pour te guérir.

  1. Dans les Mémoires de l’abbé d’Artigny, tome VII, publié en 1756, on observe, page 22, qu’il fallait ici Louis XIII. La première édition de l’Histoire des grands chemins est de Paris, 1622, in-4o. (B.)
  2. Catherine Bernard, parente de Corneille, et conséquemment de Fontenelle, née à Rouen, est morte en 1712 ; voyez, ci-après, l’article Fontenelle.