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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

d’historiographe de France et de conseiller d’État, qu’il appelait de magnifiques bagatelles. La langue française lui a une très-grande obligation. Il donna le premier du nombre et de l’harmonie à la prose. Il eut de son vivant tant de réputation qu’un nommé Goulu, général des feuillants, écrivit contre lui deux volumes d’injures. Mort en 1654[1].

Baratier, le plus singulier peut-être de tous les enfants célèbres. Il doit être compté parmi les Français, quoique né en Allemagne[2]. Son père était un prédicant réfugié. Il sut le grec à six ans, et l’hébreu à neuf. C’est à lui que nous devons la traduction des voyages du Juif Benjamin de Tudèle avec des dissertations curieuses. Le jeune Baratier était déjà savant en histoire, en philosophie, en mathématique. Il étonna tous ceux qui le connurent pendant sa vie, et en fut regretté à sa mort ; il n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il fut ravi au monde : il est vrai que son père travailla beaucoup aux ouvrages de cet enfant.

Barbeyrac (Jean), né à Béziers en 1674 ; calviniste, professeur en droit et en histoire à Lausanne, traducteur et commentateur de Puffendorf et de Grotius. Il semble que ces Traités du droit des gens, de la guerre, et de la paix, qui n’ont jamais servi ni à aucun traité de pak, ni à aucune déclaration de guerre, ni à assurer le droit d’aucun homme, soient une consolation pour les peuples des maux qu’ont faits la politique et la force. Ils donnent l’idée de la justice, comme on a les portraits des personnes célèbres qu’on ne peut voir. Sa préface de Puffendorf mérite d’être lue : il y prouve que la morale des Pères est fort inférieure à celle des philosophes modernes. Mort en 1729.

Barbier d’Aucour (Jean), connu chez les jésuites sous le nom de l’Avocat Sacras, et dans le monde par sa Critique des entretiens du P. Bouhours, et par l’excellent plaidoyer pour un homme innocent appliqué à la question et mort dans ce supplice ; il fut longtemps protégé par Colbert, qui le fit contrôleur des bâtiments du roi ; mais, ayant perdu son protecteur, il mourut dans la misère, en 1694.

Barbier (Mlle) a fait quelques tragédies[3].

Baron (Michel). On ne croit pas que les pièces qu’il donna sous son nom soient de lui[4]. Son mérite plus reconnu était dans la

  1. Le 18 février 1654, suivant d’Olivet dans son Histoire de l’Académie française (B.)
  2. Né en 1721, plus de cinq ans après la mort de Louis XIV.
  3. Voyez, tome II du Théâtre, page 310, la Préface (de 1738) de la Mort de César.
  4. On les attribue au jésuite Larue et à d’Alègre. Baron, né en 1653, est mort en 1729.