Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome14.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

fit connaître la fourberie de l’auteur du Testament politique du cardinal de Richelieu.

Aubignac (François d’), né en 1604. Il n’eut jamais de maître que lui-même. Attaché au cardinal de Richelieu, il était l’ennemi de Corneille. Sa Pratique du théâtre est peu lue ; il prouva par sa tragédie de Zénobie que les connaissances ne donnent pas les talents. Mort en 1676.

Aulnoi (la comtesse d’). Son Voyage et ses Mémoires d’Espagne, et des romans écrits avec légèreté, lui firent quelque réputation. Morte en 1705.

Avrigny (Hyacinthe Robillard d’), jésuite[1], auteur d’une nouvelle manière d’écrire l’histoire. On a de lui des Annales chronologiques depuis 1601 jusqu’à 1715. On y voit ce qui s’est passé de plus important dans l’Europe exactement discuté, et en peu de mots ; les dates sont exactes. Jamais on n’a mieux su discerner le vrai, le faux, et le douteux. Il a fait aussi des Mémoires ecclésiastiques[2] ; mais ils sont malheureusement infectés de l’esprit de parti. Marcel et lui ont été tous deux effacés par l’Histoire chronologique de France du président Hénault, l’ouvrage à la fois le plus court, le plus plein que nous ayons en ce genre, et le plus commode pour les lecteurs.

Baillet (Adrien), né près de Beauvais en 1649 ; critique célèbre. Mort en 1706.

Baluze (Étienne), du Limousin, né en 1630. C’est lui qui a formé le recueil des manuscrits de la bibliothèque de Colbert. Il a travaillé jusqu’à l’âge de quatre-vingt-huit ans. On lui doit sept volumes d’anciens monuments. Exilé pour avoir soutenu les prétentions du cardinal de Bouillon, qui se croyait indépendant du roi, et qui fondait son droit sur ce qu’il était né d’une maison souveraine, et dans la principauté de Sedan, avant que l’échange de cette souveraineté avec le roi eût été consommé. Mort en 1718.

Balzac (Jean-Louis Guer de), né en 1594. Homme éloquent, et le premier qui fonda un prix d’éloquence. Il eut le brevet

  1. Dans les Mémoires de d’Artigny, tome VII, page 21, on avait, en 1756, reproché à Voltaire de n’avoir pas parlé de d’Avrigny ni de Bougeant. L’omission sur d’Avrigny fut réparée en 1763, dans les termes qu’on lit aujourd’hui. Voltaire n’a point donné d’article au P. Bougeant. (B.)
  2. Les ouvrages de d’Avrigny sont intitulés : l’un, Mémoires chronologiques et dogmatiques pour servir à l’histoire ecclésiastique depuis 1600 jusqu’en 1716, quatre volumes ; l’autre, Mémoires pour servir à l’histoire universelle de l’Europe, depuis 1600 jusqu’en 1716, quatre volumes. Le P. Griffet a donné de ces derniers une édition en 1757, cinq volumes in-12, avec additions et corrections. (B.)