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SECRÉTAIRES D’ÉTAT
ET CONTRÔLEURS GÉNÉRAUX DES FINANCES.


Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne, eut le département des affaires étrangères pendant la minorité de Louis XIV. Sa fierté ne lui fit point de tort, parce qu’elle était fondée sur des sentiments d’honneur. Nous avons de lui des Mémoires[1] instructifs. Mort en 1666.

François Sublet des Noyers, retiré en 1643. Mort en 1645.

Léon Le Bouthillier de Chavigny, fils de Claude Le Bouthillier, eut le département de la guerre. Mort en 1652.

Louis Phelypeaux, marquis de La Vrillière, eut le département des affaires du royaume. Mort en 1681.

Louis Phelypeaux, son fils, fut reçu en survivance ; mais la charge fut donnée à un autre de ses enfants, Balthasar Phelypeaux, qui eut pour successeur un autre Louis Phelypeaux, son fils. Balthasar Phelypeaux, reçu en survivance en 1669, entre en exercice en 1676 ; mort en 1700. Tous trois estimés pour leurs vertus, et aimés pour leur douceur. Cette charge de secrétaire d’État est restée sans interruption dans la famille des Phelypeaux pendant cent soixante-cinq ans, depuis Paul Phelypeaux, fait secrétaire d’État en 1610, jusqu’à Louis Phelypeaux, duc de la Vrillière, retiré en 1775[2].

Henri-Louis de Loménie, comte de Brienne, fils de Henri-Auguste, eut la vivacité de son père, mais n’en eut pas les autres qualités. Étant conseiller d’État dès l’âge de seize ans, et destiné aux affaires étrangères, envoyé en Allemagne pour s’instruire, il alla jusqu’en Finlande, et écrivit ses voyages en latin. Il exerça la charge de secrétaire d’État des affaires étrangères à vingt-trois ans ; mais ayant perdu sa femme, Henriette de Chavigny, il en fut si affligé que son esprit s’aliéna ; on fut obligé de l’éloigner de la société. Le reste de sa vie fut très-malheureux. On a déchiré sa mémoire dans les derniers Dictionnaires historiques[3] ; on devait montrer de

  1. 1719, trois volumes in-12.
  2. Mort en 1777. Il avait porté successivement les noms de Phelippeaux, comte de Saint-Florentin, duc de La Vrillière. On lui fit cette épitaphe :

    Ci gît un petit homme à l’air assez commun,
    Ayant porté trois noms, et n’en laissant aucun.

  3. Voyez la note, page 24.