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encore. Ainsi Mons fut assiégé et pris (20 octobre 1709), et toujours pour les Hollandais, qui le gardèrent, ainsi que Tournai et Lille.


CHAPITRE XXII.

LOUIS XIV CONTINUE À DEMANDER LA PAIX ET À SE DÉFENDRE. LE DUC DE VENDÔME AFFERMIT LE ROI D’ESPAGNE SUR LE TRÔNE.


Non-seulement les ennemis avançaient ainsi pied à pied, et faisaient tomber de ce côté toutes les barrières de la France ; mais ils prétendaient, aidés du duc de Savoie, aller surprendre la Franche-Comté, et pénétrer par les deux bouts dans le cœur du royaume. Le général Merci, chargé de faciliter cette entreprise, en entrant dans la haute Alsace par Bâle, fut heureusement arrêté, près de l’île de Neubourg, sur le Rhin, par le comte, depuis maréchal, du Bourg (26 août 1709). Je ne sais par quelle fatalité ceux qui ont porté le nom de Merci ont toujours été aussi malheureux qu’estimés. Celui-ci fut vaincu de la manière la plus complète. Rien ne fut entrepris du côté de la Savoie[1], mais on n’en craignait pas moins du côté de la Flandre ; et l’intérieur du royaume était dans un état si languissant que le roi demanda encore la paix en suppliant. Il offrait de reconnaître l’archiduc pour roi d’Espagne, de ne donner aucun secours à son petit-fils, et de l’abandonner à sa fortune ; de donner quatre places en otage ; de rendre Strasbourg et Brisach ; de renoncer à la souveraineté de l’Alsace, et de n’en garder que la préfecture ; de raser toutes ses places, depuis Bâle jusqu’à Philipsbourg ; de combler le port si longtemps redoutable de Dunkerque, et d’en raser les fortifications ; de laisser aux États-Généraux Lille, Tournai, Ypres, Menin, Furnes, Condé, Maubeuge. Voilà les points principaux qui devaient servir de fondement à la paix qu’il implorait.

Les alliés voulurent encore goûter le triomphe de discuter les soumissions de Louis XIV. On permit à ses plénipotentiaires de venir, au commencement de 1710, porter dans la petite ville de Gertruidenberg les prières de ce monarque. Il choisit le maréchal

  1. Voyez la note de la page précédente.