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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

partie de la vie de Louis XIV en arabe, et que ce livre est estimé dans l’Orient ? On a de lui l’Histoire de Gengis-Kan[1] et de Tamerlan, tirée des anciens auteurs arabes, et plusieurs livres utiles ; mais sa traduction des Mille et un Jours est ce qu’on lit le plus :

L’homme est de glace aux vérités,
Il est de feu pour les mensonges.

La Fontaine, IX, 6.

Mort en 1713.

Petit (Pierre), né à Paris en 1617, philosophe et savant. Il n’a écrit qu’en latin. Mort en 1687.

Pezron (Paul), de l’ordre de Cîteaux, né en Bretagne en 1639, grand antiquaire qui a travaillé sur l’origine de la langue des Celtes. Mort en 1706.

Polignac (Melchior de), cardinal, né au Puy, en Vélay, en 1661, aussi bon poëte latin qu’on peut l’être dans une langue morte ; très-éloquent dans la sienne ; l’un de ceux qui ont prouvé qu’il est plus aisé de faire des vers latins que des vers français. Malheureusement pour lui, en combattant Lucrèce il combat Newton. Mort en 1741[2].

Pontis (Louis de). Ses Mémoires ont été tellement en vogue qu’il est nécessaire de dire que cet homme, qui a fait tant de belles choses pour le service du roi, est le seul qui en ait jamais parlé. Aussi ses Mémoires ne sont pas de lui ; ils sont de Dufossé, écrivain de Port-Royal. Il feint que son héros portait le nom de sa terre en Dauphiné. Il n’y a point en Dauphiné de seigneurie de Pontis. Il est même fort douteux que Pontis ait existé[3]. Le Dictionnaire historique portatif[4], en quatre volumes, assure que ces Mémoires sont vrais. Ils sont cependant remplis de fables, comme l’a démontré le P. d’Avrigny, dans la préface de ses Mémoires historiques.

Porée (Charles), né en Normandie[5] en 1675, jésuite ; du petit nombre de professeurs qui ont eu de la célébrité chez les gens du monde ; éloquent dans le goût de Sénèque ; poëte, et très bel

  1. Cet ouvrage est de son père, François Petis, mort en 1695, et il n’en fut que l’éditeur au commencement du xviiie siècle. (Cl.)
  2. Voyez Saint-Pierre.
  3. Pontis n’est point un personnage imaginaire. Né en 1583, il est mort en 1670. P. Thomas Dufossé fut le rédacteur de ses Mémoires.
  4. C’est le Dictionnaire de Barral et Guibaud ; voyez les notes des pages 24 et 42.
  5. À Vendes, près de Caen.