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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

malgré Boileau. Il a publié plusieurs Mémoires sur l’anatomie comparée, dans les recueils de l’Académie des sciences, et une magnifique édition de Vitruve. La traduction et les dessins qui l’embellissent sont également ses ouvrages. Mort en 1688.

Perrault (Charles), né en 1633, frère de Claude. Contrôleur général des bâtiments sous Colbert, donna la forme aux Académies de peinture, de sculpture, et d’architecture. Utile aux gens de lettres, qui le recherchèrent pendant la vie de son protecteur, et qui l’abandonnèrent ensuite. On lui a reproché d’avoir trouvé trop de défauts dans les anciens ; mais sa grande faute est de les avoir critiqués maladroitement, et de s’être fait des ennemis de ceux même qu’il pouvait opposer aux anciens. Cette dispute a été et sera longtemps une affaire de parti, comme elle l’était du temps d’Horace. Que de gens encore en Italie qui, ne pouvant lire Homère qu’avec dégoût, et lisant tous les jours l’Arioste et le Tasse avec transport, appellent encore Homère incomparable ! Mort en 1703.

N. B. Il est dit dans les Anecdotes littéraires, tome II, page 27, qu’Addison ayant fait présent de ses ouvrages à Despréaux, celui-ci lui répondit qu’il n’aurait jamais écrit contre Perrault s’il eût vu de si excellentes pièces d’un moderne. Comment peut-on imprimer un tel mensonge ? Boileau ne savait pas un mot d’anglais, aucun Français n’étudiait alors cette langue. Ce n’est que vers l’an 1730 qu’on commença à se familiariser avec elle. Et d’ailleurs, quand même Addison, qui s’est moqué de Boileau, aurait été connu de lui, pourquoi Boileau n’aurait-il pas écrit contre Perrault, en faveur des anciens dont Addison fait l’éloge dans tous ses ouvrages ? Encore une fois[1], défions-nous de tous ces ana, de toutes ces petites anecdotes. Un sûr moyen de dire des sottises est de répéter au hasard ce qu’on a entendu dire.

Perrot d’Ablancourt (Nicolas), d’une ancienne famille du parlement de Paris, né à Vitry[2] en 1606, traducteur élégant, et dont on appela chaque traduction la belle infidèle. Mort pauvre en 1664.

Petau (Denis), né à Orléans en 1583, jésuite. Il a réformé la chronologie. On a de lui soixante et dix ouvrages. Mort en 1652.

Petis de La Croix (François), l’un de ceux dont le grand ministre Colbert encouragea et récompensa le mérite. Louis XIV l’envoya en Turquie et en Perse, à l’âge de seize ans, pour apprendre les langues orientales. Qui croirait qu’il a composé une

  1. Voyez page 47.
  2. À Châlons-sur-Marne.