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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

grands espaces où l’on ne trouve aucun vestige du séjour des eaux ; d’autres, où l’on n’aperçoit que des dépôts laissés par les eaux terrestres. Mort en 1738.

Maimbourg (Louis), jésuite, né en 1610. Il y a encore quelques unes de ses histoires qu’on ne lit pas sans plaisir. Il eut d’abord trop de vogue, et on l’a trop négligé ensuite. Ce qui est singulier, c’est qu’il fut obligé de quitter les jésuites pour avoir écrit en faveur du clergé de France. Mort à Saint-Victor en 1686.

Maintenon[1] (Françoise d’Aubigné Scarron, marquise de). Elle est auteur, comme Mme de Sévigné, parce qu’on a imprimé ses Lettres[2] après sa mort. Les unes et les autres sont écrites avec beaucoup d’esprit, mais avec un esprit différent. Le cœur et l’imagination ont dicté celles de Mme de Sévigné ; elles ont plus de gaieté, plus de liberté ; celles de Mme de Maintenon sont plus contraintes : il semble qu’elle ait toujours prévu qu’elles seraient un jour publiques. Mme de Sévigné, en écrivant à sa fille, n’écrivait que pour sa fille. On trouve quelques anecdotes dans les unes et dans les autres. On voit, par celles de Mme de Maintenon, qu’elle avait épousé Louis XIV, qu’elle influait dans les affaires d’État, mais qu’elle ne les gouvernait pas ; qu’elle ne pressa point la révocation de l’Édit de Nantes et ses suites, mais qu’elle ne s’y opposa point ; qu’elle prit le parti des molinistes parce que Louis XIV l’avait pris, et qu’en suite elle s’attacha à ce parti ; que Louis XIV, sur la fin de sa vie, portait des reliques ; et beaucoup d’autres particularités. Mais les connaissances qu’on peut puiser dans ce recueil sont trop achetées par la quantité de lettres inutiles qu’il renferme : défaut commun à tous ces recueils. Si l’on n’imprimait que l’utile, il y aurait cent fois moins de livres. Morte à Saint-Cyr, en 1719.

[3] Un nommé La Beaumelle, qui a été précepteur à Genève, a fait imprimer des Mémoires de Maintenon remplis de faussetés[4].

Malebranche (Nicolas), né à Paris en 1638, de l’Oratoire, l’un des plus profonds méditatifs qui aient jamais écrit. Animé de cette imagination forte qui fait plus de disciples que la vérité, il

  1. Née en 1635 ; femme de Scarron en 1652, et de Louis XIV en 1685 ; voyez le Dialogue entre Mme de Maintenon et Mlle de Lenclos, dans les Mélanges, à la date de 1751.
  2. 1752, deux volumes petit in-12 ; 1755, huit volumes in-12 ; 1756, neuf volumes in-12. L’éditeur fut La Beaumelle. L’article de Voltaire est de 1756. (B.)
  3. Cet alinéa fut ajouté en 1768. (B.)
  4. Voyez la Lettre à l’auteur des Honnêtetés littéraires (à la fin de ces Honnêtetés). (B.)