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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

à Saumur, méprisant ceux de sa secte, et demeurant parmi eux ; plus philosophe que huguenot, écrivant aussi bien en latin qu’on puisse écrire dans une langue morte, faisant des vers grecs qui doivent avoir eu peu de lecteurs. La plus grande obligation que lui aient les lettres est d’avoir produit Mme  Dacier. Mort en 1672.

Lefèvre (Anne). Voyez Mme  Dacier.

Legendre (Louis), né à Rouen en 1659, a fait une Histoire de France. Pour bien faire cette histoire, il faudrait la plume et la liberté du président de Thou ; et il serait encore très-difficile de rendre les premiers siècles intéressants. Mort en 1733.

Legrand (Joachim), né en Normandie en 1653, élève du P. Lecointe. Il a été l’un des hommes les plus profonds dans l’histoire. Mort en 1733.

Le Laboureur (Jean), né à Montmorency en 1623, gentilhomme servant de Louis XIV, et ensuite son aumônier. Sa relation du voyage de Pologne, qu’il fit avec Mme  la maréchale de Guébriant, la seule femme qui ait jamais eu le titre et fait les fonctions d’ambassadrice plénipotentiaire, est assez curieuse. Les commentaires historiques dont il a enrichi les Mémoires de Castelnau ont répandu beaucoup de jour sur l’histoire de France. Le mauvais poëme de Charlemagne n’est pas de lui, mais de son frère. Mort en 1675.

Le Long (Jacques), né à Paris en 1665 ; de l’Oratoire. Sa Bibliothèque historique de la France est d’une grande recherche et d’une grande utilité, à quelques fautes près. Mort en 1721.

Lémery (Nicolas), né à Rouen en 1645, fut le premier chimiste raisonnable, et le premier qui ait donné une Pharmacopée universelle. Mort en 1715.

Le Moine (Pierre), jésuite, né en 1602. Sa Dévotion aisée le rendit ridicule ; mais il eût pu se faire un grand nom par sa Louisiade[1]. Il avait une prodigieuse imagination. Pourquoi donc ne réussit-il pas ? C’est qu’il n’avait ni goût, ni connaissance du génie de sa langue, ni des amis sévères. Mort en 1671.

Lenain de Tillemont (Louis-Sébastien), fils de Jean Lenain, maître des requêtes, né à Paris en 1637, élève de Nicole, et l’un des plus savants écrivains de Port-Royal. Son Histoire des empereurs, et ses seize volumes de l’Histoire ecclésiastique, sont écrits avec autant de vérité que peuvent l’être des compilations d’an-

  1. Saint Louis, ou la Sainte Couronne reconquise, 1658, in-8o ; et dans les Œuvres poétiques du P. Pierre Le Moyne, 1672, in-folio.