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ÉCRIVAINS FRANÇAIS


Il y a un jésuite du même pays et du même nom[1], savant mathématicien, mais qui n’est plus connu que pour avoir voulu partager avec Pascal la gloire d’avoir résolu les problèmes sur la cicloïde.

La Mare (Nicolas de), né à Paris en 1641[2], commissaire au Châtelet. Il a fait un ouvrage qui était de son ressort, l’Histoire de la police. Il n’est bon que pour les Parisiens, et meilleur à consulter qu’à lire. Il eut pour récompense une part sur le produit de la Comédie, dont il ne jouit jamais ; il aurait autant valu assigner aux comédiens une pension sur les gages du guet.

Lambert (Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de), née en 1647, dame de beaucoup d’esprit, a laissé quelques écrits d’une morale utile et d’un style agréable. Son traité De l’Amitié fait voir qu’elle méritait d’avoir des amis. Le nombre des dames qui ont illustré ce beau siècle est une des grandes preuves des progrès de l’esprit humain :

Le donne son venute in eccellenza
Di ciascun’arte ove hanno posto cura.

Orl. fur., c. XX, ott. ii.

Morte à Paris en 1733.

Lamy (Bernard), né au Mans en 1645, de l’Oratoire, savant dans plus d’un genre. Il composa ses Éléments de Mathématiques dans un voyage qu’il fit à pied de Grenoble à Paris. Mort en 1715.

La Monnoye (Bernard de), né à Dijon, en 1641, excellent littérateur. Il fut le premier qui remporta le prix de poésie à l’Académie française ; et même son poëme du Duel aboli, qui remporta ce prix, est à peu de chose près un des meilleurs ouvrages de poésie qu’on ait faits en France. Mort en 1728. Je ne sais pourquoi le docteur de Sorbonne Ladvocat, dans son Dictionnaire, dit que les Noëls de La Monnoye, en patois bourguignon, sont ce qu’il a fait de mieux ; est-ce parce que la Sorbonne, qui ne sait pas le patois bourguignon, a fait un décret contre ce livre sans l’entendre ?

La Mothe Le Vayer (François de), né à Paris[3] en 1588. Précep-

  1. Antoine de La Loubère, né en 1600, mort en 1664, était oncle de Simon.
  2. Né à Noisy-le-Grand le 23 juin 1639, mort à Paris le 25 avril 1723. La Mare publia, en 1705, les deux premiers volumes de son Traité de la police, qui devait avoir douze livres ; la dernière édition, 1722-1738, quatre volumes in-folio, n’en contient que six. (B.)
  3. Voltaire reparle de La Mothe Le Vayer dans la septième de ses Lettres de Son Altesse Monseigneur le prince de ***.