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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

ches pénibles qu’une telle étude doit avoir coûtées ne l’ont pas empêché de sacrifier aux Grâces, et il a été du très-petit nombre de savants qui ont joint aux travaux utiles les agréments de la société qui ne s’acquièrent point. Il a été dans l’histoire ce que Fontenelle a été dans la philosophie. Il l’a rendue familière ; aussi lui avons-nous rendu, comme à Fontenelle, justice de son vivant[1]. Mort en 1770.

Hesnault (Jean), connu par le sonnet de l’Avorton, par d’autres pièces, et qui aurait une très-grande réputation si les trois premiers chants de sa traduction de Lucrèce, qui furent perdus, avaient paru et avaient été écrits comme ce qui nous est resté du commencement de cet ouvrage. Mort en 1682. Au reste, la postérité ne le confondra pas avec un homme du même nom, et d’un mérite supérieur, à qui nous devons la plus courte et la meilleure histoire de France, et peut-être la seule manière dont il faudra désormais écrire toutes les grandes histoires ; car la multiplicité des faits et des écrits devient si grande qu’il faudra bientôt tout réduire aux extraits et aux dictionnaires ; mais il sera difficile d’imiter l’Auteur de l’Abrégé chronologique, d’approfondir tant de choses, en paraissant les effleurer.

Herbelot (Barthélémy d’), né à Paris en 1625, le premier parmi les Français qui connut bien les langues et les histoires orientales : peu célèbre d’abord dans sa patrie ; reçu par le grand-duc de Toscane, Ferdinand II, avec une distinction qui apprit à la France à connaître son mérite ; rappelé ensuite et encouragé par Colbert, qui encourageait tout. Sa Bibliothèque orientale est aussi curieuse que profonde. Mort en 1695.

Hermant (Godefroi), né à Beauvais en 1616. Il n’a fait que des ouvrages polémiques qui s’anéantissent avec la dispute. Mort en 1690.

Hermant (Jean), né à Caen en 1650, auteur de l’Histoire des conciles, des ordres religieux, des hérésies. Cette Histoire des hérésies ne vaut pas celle de M. Pluquet[2]. Mort en 1725.

Huet (Pierre-Daniel), né à Caen en 1630, savant universel, et qui conserva la même ardeur pour l’étude jusqu’à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Appelé auprès de la reine Christine, à Stockholm,

  1. Ce qui précède est de 1768, ce qui suit est posthume. Dès 1763 Voltaire avait rendu justice au président Hénault : voyez, page 35, la fin de l’article Avrigny. Dès 1751 existait la fin de l’article J. Hesnault, qui suit. (B.)
  2. Ce qui précède de cet article fut ajouté en 1768. Les Mémoires pour servir à l’histoire des égarements de l’esprit humain, par l’abbé Pluquet, né à Bayeux en 1716, mort en 1790, avaient paru en 1762, deux volumes in-8o.