après dix-huit ans d’un règne toujours troublé par des guerres intestines et étrangères, n’ayant jamais combattu que de son cabinet. Il fut très-malheureux, puisque, dans ses succès, il se crut obligé d’être sanguinaire, et qu’il fallut soutenir ensuite de grands revers. L’Allemagne était plus malheureuse que lui : ravagée tour à tour par elle-même, par les Suédois et par les Français, éprouvant la famine, la disette, et plongée dans la barbarie, suite inévitable d’une guerre si longue et si malheureuse.
1637. Ferdinand III monta sur le trône d’Allemagne dans un temps où les peuples, fatigués, commençaient à espérer quelque repos ; mais ils s’en flattaient bien vainement. On avait indiqué un congrès à Cologne et à Hambourg, pour donner au moins au public les apparences de la réconciliation prochaine ; mais ni le conseil autrichien ni le cardinal de Richelieu ne voulaient la paix. Chaque parti espérait des avantages qui le mettraient en état de donner la loi.
Cette longue et funeste guerre, fondée sur tant d’intérêts divers, se continuait donc parce qu’elle était entreprise. Le général suédois, Bannier, désolait la haute Saxe ; le duc Bernard de Veimar, les bords du Rhin ; les Espagnols étaient entrés dans le Languedoc, après avoir pris auparavant les îles Sainte-Marguerite, et ils avaient pénétré par les Pays-Bas jusqu’à Pontoise. Le vicomte de Turenne se signalait déjà dans les Pays-Bas contre le cardinal infant, gouverneur de Flandre. Tant de dévastations n’avaient plus le même objet que dans le commencement des troubles. Les ligues catholique et protestante, et la cause de l’électeur palatin, les avaient excités ; mais alors l’objet était la supériorité que la France voulait arracher à la maison d’Autriche ; et le but des Suédois était de conserver une partie de leur conquête en Allemagne : on négociait, et on était en armes dans ces deux vues.
1638. Le duc Bernard de Veimar devient un ennemi aussi dangereux pour Ferdinand III que Gustave-Adolphe l’avait été pour Ferdinand II. Il donne deux batailles en quinze jours auprès de Rheinfeld, l’une des quatre villes forestières dont il se