Charles-Quint, sans consulter le pape davantage, envoie de Bruxelles son abdication[1], le 17 septembre 1556, la trente-sixième année de son empire.
Le prince d’Orange porte la couronne et le sceptre impérial à Ferdinand. Charles s’embarque aussitôt pour l’Espagne, et va se retirer dans l’Estramadure, au monastère de Saint-Just, de l’ordre des hiéronymites. La commune opinion est qu’il se repentit ; opinion fondée seulement sur la faiblesse humaine, qui croit impossible de quitter sans regret ce que tout le monde envie avec fureur. Charles oublia absolument le théâtre où il avait joué un si grand personnage, et le monde qu’il avait troublé, parce qu’il sentait bien, dans son affaiblissement, qu’il ne pouvait le troubler davantage. »
Paul IV engage les électeurs ecclésiastiques à ne point admettre la démission de Charles-Quint, et à ne point reconnaître Ferdinand. Son intérêt était de mettre la division dans l’empire, pour avoir plus de pouvoir en Italie ; en effet, tous les actes dans l’empire furent promulgués au nom de Charles-Quint, jusqu’à l’année de sa mort ; fait aussi important que véritable, et qu’aucun historien n’a rapporté.
1557. L’abdication de Charles-Quint laisse la puissance des princes d’Allemagne affermie. La maison d’Autriche, divisée en deux branches, est ce qu’il y a de plus considérable dans l’Europe ; mais la branche espagnole, très-supérieure à l’autre, tout occupée d’intérêts séparés de l’empire, ne fait plus servir les troupes espagnoles, italiennes, flamandes, à la grandeur impériale.
Ferdinand Ier a de grands États en Allemagne ; mais la haute Hongrie, qu’il possède, ne lui rapporte pas à beaucoup près de quoi entretenir assez de troupes pour faire tête aux Turcs. La Bohême semble porter le joug à regret, et Ferdinand ne peut être puissant que quand l’empire se joint à lui.
- ↑ Voltaire, dans le Catalogue des empereurs, cite le 2 juin 1556 comme date de cet acte si important, sur lequel les historiens s’accordent si peu. Selon Robertson, Charles-Quint abdiqua le 27 auguste 1556, comme empereur, par un acte que les électeurs acceptèrent le 24 février 1558. (Cl.)