Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/537

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
525
CHARLES-QUINT.

ric, comte palatin ; Christophe, duc de Virtemberg ; Ernest, marquis de Bade-Dourlach, et plusieurs autres princes.

Cette ligue fut plus dangereuse que celle de Smalcalde. Le roi de France, Henri II, jeune et entreprenant, s’unit avec tous ces princes. Il devait fournir deux cent quarante mille écus pour les trois premiers mois de la guerre, et soixante mille pour chaque mois suivant. Il se rend maître de Cambrai, Metz, Toul, et Verdun, pour les garder, comme vicaire du saint-empire, titre singulier qu’il prenait alors pour prétexte, comme si c’en était un.

Le roi de France s’était déjà servi du prétexte de Parme pour porter la guerre en Italie. Il ne paraissait pas dans l’ordre des choses que ce fût lui qui dût protéger Octave Farnèse contre l’empereur, son beau-père ; mais il était naturel que Henri II tâchât, par toutes sortes de voies, de rentrer dans le duché de Milan, l’objet des prétentions de ses prédécesseurs.

Henri s’unissait aussi avec les Turcs, selon le plan de François Ier ; et l’amiral Dragut, non moins redoutable que ce Chérédin, surnommé Barberousse, avait fait une descente en Sicile, où il avait pillé la ville d’Agosta.

L’armée de Soliman s’avançait en même temps par la Hongrie. Charles-Quint alors n’avait plus pour lui que le pape Jules III, et il s’unissait avec lui contre Octave Farnèse son gendre, quoique dans le fond l’empereur et le pape eussent des droits et des intérêts différents, l’un et l’autre prétendant être suzerains de Parme et de Plaisance.

Les Français portaient aussi la guerre en Piémont et dans le Montferrat. Il s’agissait donc de résister à la fois à une armée formidable de Turcs en Hongrie, à la moitié de l’Allemagne liguée et déjà en armes, et à un roi de France, jeune, riche, et bien servi, impatient de se signaler et de réparer les malheurs de son prédécesseur.

L’intérêt et le danger raccommodèrent alors Charles et Ferdinand. On a d’abord en Hongrie quelques succès contre les Turcs,

Ferdinand fut assez heureux dans ce temps-là même pour acquérir la Transylvanie, La veuve de Jean Zapoli, reine de Hongrie, qui n’avait plus que le nom de reine, gouvernait la Transylvanie au nom de son fils Étienne Sigismond, sous la protection des Turcs, protection tyrannique dont elle était lasse. Martinusius, évêque de Varadin, depuis cardinal, porta la reine à céder la Transylvanie à Ferdinand pour quelques terres en Silésie, comme Oppeln et Ratibor. Jamais reine ne fit un si mau-