Au reste, on ne voit pas que le roi de France fît aucune conquête du côté de l’Allemagne après sa victoire de Bouvines ; mais il en eut bien plus d’autorité sur ses vassaux.
Philippe-Auguste envoie à Frédéric en Suisse, où il était retiré, le char impérial qui portait l’aigle allemande ; c’était un trophée et un gage de l’empire.
Othon vaincu, abandonné de tout le monde, se retire à Brunsvick, où on le laisse en paix, parce qu’il n’est plus à craindre. Il n’est pas dépossédé, mais il est oublié. On dit qu’il devint dévot : ressource des malheureux, et passion des esprits faibles. Sa pénitence était, à ce qu’on prétend, de se faire fouler aux pieds par ses valets de cuisine, comme si les coups de pied d’un marmiton expiaient les fautes des princes. Mais doit-on croire ces inepties écrites par des moines ?
1215. Frédéric II, empereur[1] par la victoire de Bouvines, se fait partout reconnaître.
Pendant les troubles de l’Allemagne on a vu[2] que les Danois avaient conquis beaucoup de terres vers l’Elbe, au nord et à l’orient. Frédéric II commença par abandonner ces terres par un traité. Hambourg s’y trouvait comprise ; mais comme à la première occasion on revient contre un traité onéreux, il profite d’une petite guerre que le nouveau comte palatin du Rhin, frère d’Othon, faisait aux Danois, il reçoit Hambourg sous sa protection, il la rend ensuite : honteux commencement d’un règne illustre.
Second couronnement[3] de l’empereur à Aix-la-Chapelle. Il dépossède le comte palatin, et le palatinat retourne à la maison de Bavière-Vitelsbach.
- ↑ L’Art de vérifier les dates fait remonter le commencement de son règne ainsi que celui d’Othon IV, à 1198 ; et ceci s’accorde avec ce que dit Voltaire dans le premier alinéa du règne de Philippe, vingt-quatrième empereur. Au reste, Frédéric II ne jouit de tout son pouvoir qu’après la fameuse journée du 27 juillet 1214.
- ↑ Années 1187 et 1203.
- ↑ Le 25 juillet 1215 : le premier avait eu lieu en décembre 1212 ; et voilà pourquoi cette année est citée comme la première de son règne, dans le numéro 26 du Catalogue des empereurs. (Cl.)