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ANNALES DE L’EMPIRE.

1137. Voyage de l’empereur en Italie. Roger, duc de la Pouille et nouveau roi de Sicile, tenait le parti de l’anti-pape Anaclet, et menaçait Rome. On fait la guerre à Roger.

La ville de Pise avait alors une grande considération dans l’Europe, et l’emportait même sur Venise et sur Gênes. Ces trois villes commerçantes fournissaient à presque tout l’Occident toutes les délicatesses de l’Asie. Elles s’étaient sourdement enrichies par le commerce et par la liberté, tandis que les désolations du gouvernement féodal répandaient presque partout ailleurs la servitude et la misère. Les Pisans seuls arment une flotte de quarante galères au secours de l’empereur ; et sans eux l’empereur n’aurait pu résister. On dit qu’alors on trouva dans la Pouille le premier exemplaire du Digeste, et que l’empereur en fit présent à la ville de Pise[1].

Lothaire II meurt en passant les Alpes du Tyrol vers Trente.



CONRAD III,
vingt-unième empereur.

1138. Henri, duc de Bavière, surnommé le Superbe, qui possédait la Saxe, la Misnie, la Thuringe, en Italie Vérone et Spolette, et presque tous les biens de la comtesse Mathilde, se saisit des ornements impériaux, et crut que sa grande puissance le ferait reconnaître empereur ; mais ce fut précisément ce qui lui ôta la couronne.

Tous les seigneurs se réunissent en faveur de Conrad, le même qui avait disputé l’empire à Lothaire II. Henri de Bavière, qui paraissait si puissant, est le troisième de ce nom[2] qui est mis au ban de l’empire. Il faut qu’il ait été plus imprudent encore que superbe, puisque, étant si puissant, il put à peine se défendre.

Comme le nom de la maison de ce prince était Guelfe, ceux qui tinrent son parti furent appelés les Guelfes[3], et on s’accoutuma à nommer ainsi les ennemis des empereurs.

  1. Les Pisans conservèrent, pendant trois cents ans, le manuscrit pris à Amalfi. Il leur fut ensuite enlevé par les Florentins qui, depuis, l’ont toujours gardé dans leur ville, d’où le nom est venu au manuscrit de Pandectes Florentines. On en a donné un fac-similé dans l’édition des Pandectœ Justinianeœ, Paris, Belin-Leprieur, 1818, 3 volumes in-folio. (B.)
  2. Voyez 1054 et 1070 ; et aussi 1275.
  3. Voyez 1089.