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HENRI IV.

Cependant en Italie, après bien des troubles toujours excités au sujet du pontificat, le pape Nicolas II, en 1059, avait statué dans un concile de cent treize évêques que désormais les cardinaux seuls éliraient le pape, qu’il serait ensuite présenté au peuple pour faire confirmer l’élection ; « sauf, ajoute-t-il, l’honneur et le respect dus à notre cher fils Henri, maintenant roi, qui, s’il plaît à Dieu, sera empereur selon le droit que nous lui en avons déjà donné ».

On se prévalait ainsi de la minorité de Henri IV pour accréditer des droits et des prétentions que les pontifes de Rome soutinrent toujours quand ils le purent.

Il s’établissait alors une coutume que la crainte des rapacités de mille petits tyrans d’Italie avait introduite. On donnait ses biens à l’Église sous le titre d’oblata ; et on en restait possesseur feudataire avec une légère redevance. Voilà l’origine de la suzeraineté de Rome sur le royaume de Naples.

Ce même pape Nicolas II, après avoir inutilement excommunié les conquérants normands, s’en fait des protecteurs et des vassaux ; et ceux-ci, qui étaient feudataires de l’empire, et qui craignaient bien moins les papes que les empereurs, font hommage de leurs terres au pape Nicolas dans le concile de Melphi en 1059. Les papes, dans ces commencements de leur puissance, étaient comme les califes dans la décadence de la leur : ils donnaient l’investiture au plus fort qui la demandait.

Robert reçoit du pape la couronne ducale de la Pouille et de la Calabre, et est investi par l’étendard. Richard est confirmé prince de Capoue, et le pape leur donne encore la Sicile, en cas qu’ils en chassent les Sarrasins.

En effet, Robert et ses frères s’emparèrent de la Sicile en 1061, et par là rendirent le plus grand service à l’Italie.

Les papes n’eurent que longtemps après Bénévent, laissé par les princes normands aux Pandolfes de la maison de Toscanelle.

1069. Henri IV, devenu majeur, sort de la captivité où le retenaient les ducs de Saxe et de Bavière.

Tout était alors dans la plus horrible confusion. Qu’on en juge par le droit de rançonner les voyageurs ; droit que tous les seigneurs, depuis le Mein et le Véser jusqu’au pays des Slaves, comptaient parmi les prérogatives féodales.

Le droit de dépouiller l’empereur paraissait aussi fort naturel aux ducs de Bavière, de Saxe, au marquis de Thuringe. Ils forment une ligue contre lui.

1070. Henri IV, aidé du reste de l’empire, dissipe la ligue.