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ANNALES DE L’EMPIRE.

des califes. Fondé avec précipitation, il s’écroula de même ; et les guerres intestines le divisèrent.

Il n’est pas surprenant que des princes qui avaient détrôné leur père se voulussent exterminer l’un l’autre. C’était à qui dépouillerait son frère. L’empereur Lothaire voulait tout. Louis de Bavière et Charles, fils de Judith, s’unissent contre lui. Ils désolent l’empire, ils l’épuisent de soldats. Les deux rois livrent à Fontenai, dans l’Auxerrois, une bataille sanglante à leur frère. On a écrit qu’il y périt cent mille hommes. Lothaire fut vaincu. Il donne alors au monde l’exemple d’une politique toute contraire à celle de Charlemagne. Le vainqueur des Saxons et des Frisons les avait assujettis au christianisme, comme à un frein nécessaire : Lothaire, pour les attacher à son parti, leur donne une liberté entière de conscience ; et la moitié du pays redevient idolâtre.

842. Les deux frères, Louis de Bavière et Charles d’Aquitaine, s’unissent par ce fameux serment, qui est presque le seul monument que nous ayons de la langue romance.

Pro Deo amur... On parle encore cette langue chez les Grisons dans la vallée d’Engadina.

843-844. On s’assemble à Verdun pour un traité de partage entre les trois frères. On se bat et on négocie depuis le Rhin jusqu’aux Alpes. L’Italie, tranquille, attend que le sort des armes lui donne un maître.

845. Pendant que les trois frères déchirent le sein de l’empire, les Normands continuent à désoler ses frontières impunément. Les trois frères signent enfin le fameux traité de partage, terminé à Coblentz par cent vingt députés. Lothaire reste empereur ; il possède l’Italie, une partie de la Bourgogne, le cours du Rhin, de l’Escaut, et de la Meuse. Louis de Bavière a tout le reste de la Germanie. Charles, surnommé depuis le Chauve, est roi de France. L’empereur renonce à toute autorité sur ses deux frères. Ainsi il n’est plus qu’empereur d’Italie, sans être le maître de Rome. Tous les grands officiers et seigneurs des trois royaumes reconnaissent, par un acte authentique, le partage des trois frères, et l’hérédité assurée à leurs enfants.

Le pape Sergius II est élu par le peuple romain, et prend possession sans attendre la confirmation de l’empereur Lothaire. Ce prince n’est pas assez puissant pour se venger, mais il l’est assez pour envoyer son fils Louis confirmer à Rome l’élection du pape, afin de conserver son droit, et pour le couronner roi des Lombards ou d’Italie. Il fait encore régler à Rome, dans une assem-