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CHARLEMAGNE,
premier empereur.

742. Naissance de Charlemagne, près d’Aix-la-Chapelle, le 10 avril. Il était fils de Pepin, maire du palais, duc des Francs, et petit-fils de Charles Martel. Tout ce qu’on connaît de sa mère, c’est qu’elle s’appelait Berthe. On ne sait pas même précisément le lieu de sa naissance. Il naquit pendant la tenue du concile de Germanie ; et, grâce à l’ignorance de ces siècles, on ne sait pas où ce fameux concile s’est tenu.

La moitié du pays qu’on nomme aujourd’hui Allemagne était idolâtre, des bords du Véser, et même du Mein et du Rhin, jusqu’à la mer Baltique ; l’autre, demi-chrétienne.

Il y avait déjà des évêques à Trêves, à Cologne, à Mayence, villes frontières fondées par les Romains et instruites par les papes. Mais ce pays s’appelait alors l’Austrasie, et était du royaume des Francs.

Un Anglais, nommé Villebrod, du temps du père de Charles Martel, était allé prêcher aux idolâtres de la Frise le peu de christianisme qu’il savait. Il y eut, vers la fin du viie siècle, un évêque titulaire de Vestphalie qui ressuscitait les petits enfants morts. Villebrod prit le vain titre d’évêque d’Utrecht. Il y bâtit une petite église que les Frisons païens détruisirent. Enfin, au commencement du viiie siècle, un autre Anglais, qu’on appela depuis Boniface, alla prêcher en Allemagne : on l’en regarde comme l’apôtre. Les Anglais étaient alors les précepteurs des Allemands, et c’était aux papes que tous ces peuples, ainsi que les Gaulois, devaient le peu de lettres et de christianisme qu’ils connaissaient.

743. Un synode à Lestine en Hainaut sert à faire connaître les mœurs du temps ; on y règle que ceux qui ont pris les biens de l’Église, pour soutenir la guerre, donneront un écu à l’Église par métairie : ce règlement regardait les officiers de Charles Martel et de Pepin son fils, qui jouirent jusqu’à leur mort des abbayes dont ils s’étaient emparés. Il était alors également ordinaire de donner aux moines et de leur ôter.

Boniface, cet apôtre de l’Allemagne, fonde l’abbaye de Fulde