berceau, est un exemple bien frappant d’un gouvernement tolérant sur la religion, quoiqu’il fût sanguinaire sur le reste. Quand les Grecs voulurent, en vertu de l’arrêt du divan, se mettre en possession, les mêmes Latins résistèrent, et il y eut du sang répandu. Le gouvernement ne punit personne de mort : nouvelle preuve de l’humanité du vizir Achmet Cuprogli, dont les exemples ont été rarement imités. Un de ses prédécesseurs, en 1638, avait fait étrangler Cyrille, fameux patriarche grec de Constantinople, sur les accusations réitérées de son Église. Le caractère de ceux qui gouvernent fait en tout lieu les temps de douceur ou de cruauté.
Le torrent de la puissance ottomane ne se répandait pas seulement en Candie et dans les îles de la république vénitienne ; il pénétrait souvent en Pologne et en Hongrie. Le même Mahomet IV, dont le grand-vizir avait pris Candie, marcha en personne contre les Polonais, sous prétexte de protéger les Cosaques, maltraités par eux. Il enleva aux Polonais l’Ukraine, la Podolie, la Volhinie, la ville de Kaminieck, et ne leur donna la paix (1672) qu’en leur imposant ce tribut annuel de vingt mille écus, dont Jean Sobieski les délivra bientôt.
Les Turcs avaient laissé respirer la Hongrie pendant la guerre de trente ans qui bouleversa l’Allemagne. Ils possédaient, depuis 1541, les deux bords du Danube à peu de chose près, jusqu’à Bude inclusivement. Les conquêtes d’Amurat IV en Perse l’avaient empêché de porter ses armes vers l’Allemagne. La Transylvanie entière appartenait à des princes que les empereurs Ferdinand II et Ferdinand III étaient obligés de ménager, et qui étaient tributaires des Turcs. Ce qui restait de la Hongrie jouissait de la liberté. Il n’en fut pas de même du temps de l’empereur Léopold : la haute Hongrie et la Transylvanie furent le théâtre des révolutions, des guerres, des dévastations.
De tous les peuples qui ont passé sous nos yeux dans cette histoire, il n’y en a point eu de plus malheureux que les Hongrois.