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CHAPITRE CLXXIV.


HUITIÈME LETTRE.


Vous entendrez de ce porteur l’heureux succès que Dieu nous a donné au plus furieux combat[1] qui se soit fait de cette guerre : il vous dira aussi comme MM. de Longueville, de La Noue, et autres, ont triomphé près de Paris. Si le roi use de diligence, comme j’espère qu’il le feraa, nous verrons bientôt les clochers de Notre-Dame de Paris. Je vous écrivis il n’y a que deux jours par Petit-Jean. Dieu veuille que cette semaine nous fassions encore quelque chose d’aussi signalé que l’autre ! Mon cœur, aimez-moi toujours comme vôtre, car je vous aime comme mienneb : sur cette vérité, je vous baise les mains. Adieu, mon âme.

C’est de Boisjeancy, le 20 maic.


Variantes.


a Qu’il fera.b Au lieu de ces mots : comme vôtre, car je vous aime comme mienne, on lit dans le « Mercure » : comme vous nestes à moi ny moi à vous.c C’est le xxie may. De Boyjancy.


NEUVIÈME LETTRE.


Renvoyez-moi Criquesière, et il s’en retournera avec tout ce qu’il vous faut, hormis moi. Je suis très-affligéa de la perte de mon petit[2], qui mourut hier : à votre avis ce que serait d’un légitimeb ! Il commençait à parler. Je ne sais si c’est par acquit que vous m’avez écrit pour Doysit, c’est pourquoi je fais la réponse que vousc verrez sur votre lettre, par celui que je désire qui vienne : mandez-m’en votre volonté. Les ennemis sont devant Montégu, où ils seront bien mouillés : car il n’y a couvert à demi-lieue autour. L’assemblée sera achevée dans douze jours. Il m’arriva hier force nouvelles de Blois ; je vous envoie un extrait des plus véritables : tout à cette heure me vient d’arriver un homme

  1. Ce combat est celui du 18 mai 1589, où le comte de Châtillon défit les ligueurs dans une mêlée très-acharnée. (Note de Voltaire.)
  2. C’était un fils qu’il avait de Corisande. (Id.)