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CHAPITRE CLXXII.
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D’autres intérêts plus pressants, parce qu’ils sont particuliers, troublent la vie du pape. L’affaire de Parme et de Plaisance était des plus épineuses et des plus bizarres : Charles-Quint, comme maître de la Lombardie, vient de réunir Plaisance à ce domaine, et peut y réunir Parme.

Le pape, de son côté, veut réunir Parme à l’État ecclésiastique, et donner un équivalent à son petit-fils Octave Farnèse. Ce prince a épousé une bâtarde de Charles-Quint, qui lui ravit Plaisance : il est petit-fils du pape, qui veut le priver de Parme. Persécuté à la fois par ses deux grands-pères, il prend le parti d’implorer le secours de la France, et de résister au pape son aïeul. Ainsi, dans le concile de Trente, c’est l’incontinence du pape et de l’empereur qui forme la querelle la plus importante. Ce sont leurs bâtards qui produisent les plus violentes intrigues, tandis que des moines théologiens argumentent. Ce pontife meurt saisi de douleur, comme presque tous les souverains au milieu des troubles qu’ils ont excités, et qu’ils ne voient point finir. De grands reproches, et peut-être beaucoup de calomnies, flétrissent sa mémoire.

(1551) Jean del Monte, Jules III, est élu, et consent à rétablir le concile à Trente ; mais la querelle de Parme traverse toujours le concile. Octave Farnèse persiste à ne point rendre Parme à l’Église ; Charles-Quint s’obstine à garder Plaisance, malgré les pleurs de sa fille Marguerite, épouse d’Octave. Une autre bâtarde se jette à la traverse, et attire la guerre en Italie : c’est la femme d’un frère d’Octave, fille du roi de France Henri II et de la duchesse de Valentinois ; elle obtient aisément que Henri, son père, se mêle de la querelle. Ce roi protège donc les Farnèse contre l’empereur et le pape, et celui qui fait brûler les protestants en France s’oppose à la tenue d’un concile contre les protestants.

Tandis que le roi très-chrétien se déclare contre le concile, quelques princes protestants y envoient leurs ambassadeurs, comme Maurice, nouveau duc de Saxe, un duc de Virtemberg, et ensuite l’électeur de Brandebourg ; mais ces ministres, peu satisfaits, s’en retournent bientôt. Le roi de France y envoie aussi un ambassadeur, Jacques Amyot, plus connu par sa naïve traduction de Plutarque que par cette ambassade ; mais il n’arrive que pour protester contre l’assemblée.

(1551) Cependant deux électeurs, Mayence et Trêves, prennent séance au-dessous des légats ; deux cardinaux légats, deux nonces, deux ambassadeurs de Charles-Quint, un du roi des Romains, quelques prélats italiens, espagnols, allemands, rendent au concile son activité.