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CHAPITRE XLII.

absolutions et des investitures, et il se fait des protecteurs contre l’empire de cette même maison normande contre laquelle il avait appelé l’empire à son secours.

Bientôt après le roi subjugue Naples et le peu qui restait encore pour arrondir son royaume de Gaïète jusqu’à Brindes. La monarchie se forme telle qu’elle est aujourd’hui. Naples devient la capitale tranquille du royaume, et les arts commencent à renaître un peu dans ces belles provinces.

Après avoir vu comment des gentilshommes de Coutances fondèrent le royaume de Naples et de Sicile, il faut voir comment un duc de Normandie, pair de France, conquit l’Angleterre. C’est une chose bien frappante que toutes ces invasions, toutes ces émigrations, qui continuèrent depuis la fin du ive siècle jusqu’au commencement du xive et qui finirent par les croisades. Toutes les nations de l’Europe ont été mêlées, et il n’y en a eu presque aucune qui n’ait eu ses usurpateurs.

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CHAPITRE XLII.


Conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie.


Tandis que les enfants de Tancrède de Hauteville fondaient si loin des royaumes, les ducs de leur nation en acquéraient un qui est devenu plus considérable que les Deux-Siciles. La nation britannique était, malgré sa fierté, destinée à se voir toujours gouvernée par des étrangers. Après la mort d’Alfred, arrivée en 900, l’Angleterre retomba dans la confusion et la barbarie. Les anciens Anglo-Saxons, ses premiers vainqueurs, et les Danois, ses usurpateurs nouveaux, s’en disputaient toujours la possession ; et de nouveaux pirates danois venaient encore souvent partager les dépouilles. Ces pirates continuaient d’être si terribles, et les Anglais si faibles, que, vers l’an 1000, on ne put se racheter d’eux qu’en payant quarante-huit mille livres sterling. On imposa, pour lever cette somme, une taxe qui dura, depuis, assez longtemps en Angleterre, ainsi que la plupart des autres taxes, qu’on continue toujours de lever après le besoin. Ce tribut humiliant fut appelé argent danois : dann geld.