Vous voulez enfin surmonter le dégoût que vous cause l’Histoire moderne[1], depuis la décadence de l’empire romain, et prendre une idée générale des nations qui habitent et qui désolent la terre. Vous ne cherchez dans cette immensité que ce qui mérite d’être connu de vous ; l’esprit, les mœurs, les usages des nations principales, appuyés des faits qu’il n’est pas permis d’ignorer. Le but de ce travail n’est pas de savoir en quelle année un prince indigne d’être connu succéda à un prince barbare chez une nation grossière. Si l’on pouvait avoir le malheur de mettre dans sa tête la suite chronologique de toutes les dynasties, on ne saurait que des mots. Autant il faut connaître les grandes actions des souverains qui ont rendu leurs peuples meilleurs et plus
- ↑ Cet ouvrage fut composé en 1740, pour Mme du Châtelet, amie de l’auteur. Aucune des compilations universelles qu’on a vues depuis n’existait alors. (Note de Voltaire.)